Tribune de Gilles Pargneaux
Député européen
14 novembre 2014
Depuis maintenant 22 ans, les frontières entre le Maroc et l'Algérie sont fermées. L'Union du Maghreb arabe n'a plus tenu de sommet sérieux et productif depuis des années et l'espoir d'un Grand Maghreb intégré s'efface toujours plus.
Fait dramatique, cette non-coopération politique a des répercussions économiques et sociales vertigineuses pour le Maghreb, c'est ainsi 2% de PIB qui sont perdus pour chaque pays de la région. La concertation entre les pays du Maghreb en matière économique n’existe pas et une concurrence commerciale inutile sévit aujourd’hui. Situation aberrante, le commerce entre pays maghrébins est le plus faible qui soit, à peine 4% des échanges commerciaux des pays de cette région. Quand on constate les bénéfices du commerce entre voisins dans les grands blocs régionaux, on ne peut que déplorer les coûts économiques et sociaux gigantesque du non-Maghreb.
L'Algérie a une place singulière dans la construction de ce Grand Maghreb. Fort de sa puissance économique, le pays est un poids lourd de la région. Cette puissance n'est pourtant qu'une façade : les exportations algériennes sont constituées à 97% d'hydrocarbures... Fondamentalement dépendante de ce secteur, le moindre soubresaut de l'économie pétrolière peut provoquer de graves conséquences. Le pétrole est aujourd'hui une force sclérosante pour l'Algérie.
Sans développement des autres secteurs de l'économie, l'Algérie se retrouve au final dans une situation où sa jeunesse fait face à un chômage endémique, catalyseur de l'économie parallèle et de la désillusion vis-à-vis des politiques. N'oublions pas que les moins de 30 ans représentent 60% de la population algérienne et que près d'un quart de cette jeunesse est au chômage sans perspective d'épanouissement.
Cette chape de plomb économique et sociale doit être levée. La diversification de l'économie et l'essor d'une vie associative intense permettront à l'Algérie de donner un horizon à sa jeunesse et de coopérer avec ses voisins. L'agriculture, l'industrie agroalimentaire, le tourisme, les échanges universitaires sont des secteurs où peuvent naître des poches d'intégration maghrébine. C'est par des projets concrets qu'émergera cette Union du Maghreb Arabe qui a tant de mal à exister. Le Maghreb est la zone géographique la moins intégrée du monde, il faut désormais aller de l'avant sous peine d'être éternellement dépassé et exclu du concert des nations.
L'Algérie doit dès lors prendre toute sa place dans la construction de l'UMA, que ce soit en diversifiant son économie ou en coopérant avec ses voisins. L'Europe a évidemment un rôle à jouer dans cet élan algérien vers l'intégration régionale. Aider le pays à réduire sa dépendance au secteur énergétique dans une logique de rapprochement avec ses voisins est profondément ancré dans la volonté partenariale de l'UE et de l'Algérie, c'est toute l'ambition de la politique européenne de voisinage.
Le statu quo n’est plus une option. La montée en puissance des mouvements terroristes qui s’étalent du Sahel jusqu’en Irak oblige une coopération sécuritaire intense entre les pays du Sud méditerranéen et l’Europe. Boko Haram au Nigeria, les combattants du Califat en Algérie, les partisans de Jérusalem dans le Sinaï et surtout Daesh en Irak et en Syrie qui menace de coaguler tous ces mouvements, voilà autant de dangers qui ne peuvent pas faire l’économie d’une réponse concertée et commune dans le cadre d’une grande coopération sécuritaire euro-maghrébine. L’Algérie doit donc accepter le caractère commun de la gestion sécuritaire du Sahel et accepter de travailler avec l’autre grand acteur dans ce domaine : le Maroc. Le conflit sur le Sahara doit être dépassée, notamment grâce à une solution politique d’autonomie très élargie de cette région. La réconciliation des voisins algériens et marocains est une condition sine qua non de la sécurisation urgente de la région et l’objectif majeur de l’Union européenne dans les prochaines années comme l’a indiqué Federica Mogherini, la nouvelle Haute-représentante de l’Union européenne pour les affaires extérieures, lors de son audition au Parlement européen.
Diversification de l'économie, levée de la chape de plomb social et coopération sécuritaire sont les jalons qui permettront à l'Algérie de devenir un moteur de la construction du Grand Maghreb. Si l'Europe peut aider le pays dans cette démarche, la volonté politique reste la clé de voute de ce projet.
Parliament Magazine - Décembre 2014
Et comment faire pour bloquer le trafique de drogue venant du Maroc? Actuellement la preuve est faite que les narcotrafiquants et les terroristes travaillent ensemble. Si vraiment vous voulez une paix durable et des relations fortes entre les pays du Maghreb, il faut débloquer le dossier de la RASD, pour un vote d'autodétermination au plus vite.
Rédigé par : flifla | samedi 07 février 2015 à 12:00
Mais quel pays dernièrement à était épingler pour colaboration et aide à un groupe terroriste pour déstabiliser un pays notamment l'Algérie si non le Maroc? L'Union européenne mais tout en oeuvre pour sauver le sbir Maroc pour mieux soumettre leurs dictât et piller nos richesses. L'U.M.A est une erreur si l'Algérie continue dans cette pseudo union ou les algeriens seront les grands perdant.
Rédigé par : Zabana 31 | lundi 09 février 2015 à 11:33