Le 22 mars 2012, suite à la prolifération d'armes en provenance de Lybie,
les Touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad évincent l'armée
malienne et proclame l'indépendance de cette région qui se situe au Nord du
Mali.
Profitant de l'aubaine, les islamistes d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)
rejoignent le mouvement, mais avec des objectifs totalement différents
puisqu'ils prônent la création d'un califat transnational, rêvant de faire du
Sahel un nouvel Afghanistan. Dans un premier temps ces groupes islamistes
nouent des alliances avec certaines fractions touaregs afin d'étendre leur zone
d'influence puis avant de les chasser de Tombouctou, de Gao du fleuve Niger,
les repoussant vers la frontière algérienne.
Maîtres de Tombouctou, les miliciens islamistes ont alors entrepris d'y
"purifier" l'Islam en luttant contre le culte des saints et en
imposant le respect strict de la charia. Des mausolées et des monuments du
patrimoine mondial de l'humanité sont ainsi détruits à Tombouctou (Tombouctou a
ainsi été classé dans la catégorie patrimoine mondial en péril par l'UNESCO fin
juin 2012), un couple a été exécuté par lapidation en public pour avoir deux
enfants hors-mariage, témoignant du climat de tension qui ne cesse de
s'amplifier au Mali.
Outre l'imposition violente de
la charia dans cette région, c'est également la création d'une zone de
non-droits qui constituerait une base de repli et de développement pour le
terrorisme d'Al-Qaïda qui inquiète. On ne peut pas permettre la
création d'un "Sahelistan" pour reprendre les mots du Ministre des Affaires
Etrangères, Laurent Fabius, qui serait un terreau fertile pour le terrorisme.
D'autant plus qu'AQMI a clairement identifié l'Europe et la France comme son
ennemi principal.
Une implication directe pour la sécurité européenne
Face à cette situation,
l'Union européenne devrait repenser sa relation avec cette région et y chercher
des relais d'influence car nombre d'enjeux stratégiques et économiques
européens sont impliqués dans cette affaire. Le Maroc est dès lors le
partenaire tout désigné pour travailler conjointement avec l'UE sur la crise
malienne.
Le partenariat avec le Maroc ne peut dès lors être uniquement envisagé dans
sa dimension euro-méditerranéenne. Compte tenu de son interdépendance avec
l'Afrique du Nord, le Sahel représente le prolongement de la frontière
géopolitique méridionale de l'UE : une région ayant une importance réelle non
seulement pour ce qui est de la stabilité du sud du Maroc et de son
développement mais aussi en ce qui concerne les retombées que sa situation peut
avoir sur la sécurité européenne.
Bref, il est nécessaire de
comprendre que le Sahel, région aux frontières sud du Maroc, est la frontière
géopolitique de l'extrême Sud de l'Union Européenne et que l'instabilité de
cette région est vouée à se propager aux pays voisins de l'Europe. Dans
la mesure où beaucoup de pays voisins de la frontière méridionale au sens large
jouent un rôle-clé dans l'approvisionnement énergétique européen, de la gestion
des flux migratoires et de la lutte contre le trafic illicite et le terrorisme,
l'UE ne peut laisser l'instabilité s'aggraver et se répandre dans toute la
région.
Le Maroc, à travers sa position géographique et sa relation de longue date
avec l'Union Européenne, apparaît comme un trait d'union entre le Nord et le
Sud de cette région, et pourrait être un interlocuteur efficace dans la région
ainsi qu'un vecteur d'influence pour l'Union Européenne. Par conséquent, si
on prend en compte la menace terroriste grandissante au Sahel, la porosité des
frontières dans cette région, la nécessaire sécurisation de l'approvisionnement
énergétique, autant de menaces qui pointent à la frontière sud du Maroc, et en
particulier au Sahara occidental, l'engagement de l'UE dans un
approfondissement du partenariat avec le Maroc au niveau sécuritaire est un point
essentiel.
Une stabilité au Sahel qui ne peut être garantie sans
l'implication du Maroc
Même si Alger s'est ingénié à évincer le Maroc de toutes les institutions
de coopérations régionales en matière de sécurité, les évènements récents
montrent que la stabilité du Sahel ne peut être garantie sans une forte
implication du Maroc. Le Premier Ministre malien, Cheick Modibo Diarra a ainsi
directement demandé l'aide du Maroc le 5 juillet dernier.
Etant donné l'implication économique du Maroc dans les pays africains et
son volontarisme pour développer une politique tournée vers l'Afrique, le
royaume chérifien est le seul Etat maghrébin qui dispose d'une crédibilité et
d'une légitimité d'action auprès des pays africains. Le Maroc a donc un
important capital de confiance sur la scène régionale qui permettrait une
coopération efficace pour résoudre ce problème, d'autant plus que les risques
de déstabilisation des Provinces du Sud est une réalité inquiétante pour le
Royaume du Maroc.
Dans ce contexte donner son indépendance
à un Etat Front Polisario qui sera incapable de gérer ses frontières et la
situation régionale est non viable. L'Europe ne peut pas permettre la création
d'un Etat de non droit dans cette région du monde beaucoup trop stratégique.
Ainsi, la solution proposée par le Maroc à l'ONU, à savoir l'obtention d'une
autonomie avancée du Sahara occidental, apparaît comme la plus réaliste à moyen
terme.
Dernières évolutions du dossier Malien sur la scène
internationale
Le principe d'une intervention militaire contre AQMI (al-Qaida
au Maghreb islamique) est désormais acquis. Les capitales des pays concernés
travaillent activement à l'élaboration d'un scénario politico-militaire destiné
à débarrasser la région de la menace terroriste.
Parce qu'elle
est ciblée par Aqmi, la
France est à l'avant-garde de la future opération, dont
l'ossature sera composée des forces de la Cédéao, la Communauté économique des
États de l'Afrique de l'Ouest. La France ne veut surtout pas participer à une
intervention armée mais a promis une aide logistique pour aider à résoudre la
crise.
Une centaine de membres des Forces spéciales françaises ont déjà été
déployés dans la région. Ils devraient être prochainement renforcés, notamment
par les commandos de la Marine nationale. L'aide française comprend également
des avions de patrouille maritimes, qui récoltent du renseignement, et un
système de surveillance basé au Niger. Selon
les hypothèses envisagées, notamment à Paris, il s'agirait de former une force
d'action de quelques centaines d'hommes pour reconquérir le nord du Mali,
occupé depuis plusieurs mois par les groupes armés islamistes.
Le Secrétaire Général de
l'ONU, Ban Ki Moon a ainsi été saisi par le président de la République et le
premier ministre malien, respectivement MM. Dioncounda Traoré et Cheikh Modibo
Diarra, demandant "l'intervention immédiate" d'une force
africaine. Cette saisine pourrait permettre à la France d'intervenir, mais sous
couvert d'une demande africaine.
François Hollande s'est exprimé le 25 septembre devant l'Assemblée Général
de l'ONU à New York pour inciter une intervention des nations unies dans les
crises maliennes et syriennes.