ALIMENTATION - L'aspect rocambolesque de l'incroyable affaire du agneau-méduse envoyé à la consommation en France s'éloigne heureusement du tragique lorsque l'on sait que la consommation de cette agnelle dans la chaîne alimentaire est inoffensive pour la santé humaine.
OGM: vigilance plus que jamais nécessaire
Une partie de poker menteur bien plus grave se joue cependant en ce moment sur la question des OGM. La Commission européenne vient de présenter un nouveau règlement sur l'importation d'OGM pour le moins inquiétant.
Si l'on examine en détails cette proposition, on constate en effet un retour en arrière énorme par rapport à la législation sur la culture des OGM adoptée par le Parlement européen le 13 janvier dernier. Alors qu'avec la législation en vigueur les euro-députés avaient réussi à imposer des critères stricts, notamment environnementaux, pour interdire la culture des OGM sur le sol européen, la Commission européenne ne propose cette fois aucun critère explicite pour interdire leur importation. Un flou inadmissible est laissé sur l'importation des OGM alors que nous avions enfin réussi à sortir de dix années d'impasse législative sur le sujet.
Un tel retour en arrière ne peut qu'alimenter encore plus nos suspicions sur certains conflits d'intérêts entre la Commission européenne et des grands groupes agroalimentaires spécialisés dans les OGM. Ces doutes se sont d'ailleurs renforcés par l'action même de la Commission: elle a autorisé le 24 avril 2015 l'importation de 19 nouveaux OGM sur notre territoire, soit deux jours à peine après la proposition de cette nouvelle réglementation.
La fraude alimentaire, un défi majeur à relever
Outre la question des OGM, la problématique de la fraude alimentaire est profondément inscrite dans cette affaire. Le scandale de la viande de cheval nous avait montré l'ampleur de ces pratiques frauduleuses. L'affaire de cet agneau génétiquement modifié nous rappelle l'urgence d'agir contre ces pratiques qui gagnent de plus en plus de terrain. La fraude alimentaire représente en effet des enjeux financiers énormes: selon la World Customs Organisation, ce marché illégal équivalait à 36 milliards d'euros en 2012.
Des moyens existent pourtant pour endiguer cette fraude. Imposer un étiquetage obligatoire de l'origine de la viande dans les plats cuisinés est ainsi une priorité. Le but de cette mesure est de pouvoir tracer les composants d'un plat pour toujours être sûr de leur provenance et de leur nature. Depuis le scandale de la viande de cheval, fin 2012, le Parlement rédige annuellement une résolution sur cette question. La dernière a été adoptée en séance plénière le 11 février 2015. Pourtant la Commission, qui seule peut proposer une nouvelle législation, tarde à agir.
Le Parlement européen est désormais engagé dans un rapport de force avec une Commission européenne de plus en plus timorée sur ce sujet. C'est un comble quand on sait les enjeux en matière de sécurité de nos aliments! C'est notre santé qui est de fait en danger. De plus, l'enjeu politique est majeur: redonner confiance dans un système agroalimentaire qui donne parfois l'impression de marcher sur la tête, maquillant la viande de cheval en viande de bœuf laissant entrer dans nos assiettes des OGM à notre insu.
Ce presque surréaliste mouton fluorescent me fait penser à cette phrase de Keith Haring: "tout le monde sait d'où vient la viande, elle vient du magasin". Face aux couleurs inquiétantes de la toile, on ne peut que douter de la qualité de ce que nous proposent ces magasins auxquels fait référence l'artiste et par extension nous ne pouvons que douter de l'ensemble de notre système alimentaire. Tout le combat politique est contenu dans le doute de ce géant de l'art contemporain. Il est urgent de renforcer notre législation en Europe pour que nulle part nous ne doutions de la qualité de ce qui est proposé sur nos étals. C'est l'ambition forte que je porte au sein du Parlement européen.
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