Lors des dernières élections, les partis politiques ont parlementarisé l'Union européenne en proposant que le candidat arrivé en tête soit désigné par le Conseil européen et chargé de constituer une majorité au Parlement européen. Monsieur Juncker n'était pas mon candidat, ni celui des Socialistes européens. Ensemble, nous avons soutenu Martin Schulz. Mais nous n'avons pas gagné.
Ce saut démocratique nous donne néanmoins de nouveaux atouts pour peser sur le programme du candidat et le juger, ensuite, au fil de son mandat, sur sa mise en œuvre.
Dans son discours devant le Parlement européen comme lors de son audition par le groupe Socialistes et Démocrates, le candidat à la Présidence de la Commission Jean-Claude Juncker a donné une série de coups de barre vers des politiques de croissance mais le compte n'y est pas encore.
Dès le début du processus, notre choix a été de chercher le rapport de force avec lui. Sans nul doute des avancées ont été permises : un peu de flexibilité sur le Pacte de stabilité et de croissance, un nouvel examen de la Directive détachement des travailleurs, 300 milliards d'euros supplémentaires d'investissements publics et privés, une transparence sur le traité TAFTA. Comme vice-président de la Commission Environnement, santé et sécurité alimentaire, j’ai apprécié son engagement de construire une nouvelle Union européenne de l'énergie, -une proposition de la France et du Président François Hollande-, de montrer la voie dans la lutte contre le réchauffement climatique et de ne pas sacrifier les normes européennes de sécurité et de santé sur l'autel du libre-échange.
J’ai bien compris la volonté de Jean-Claude Juncker de nous convaincre que « cette fois, c’est différent » mais je ne suis pas dupe. Je suis loin d'être convaincu que M. Juncker prendra réellement en compte nos propositions pour répondre au désarroi et à la défiance de ceux qui souffrent des politiques d'austérité.
C’est d’un changement de cap radical dont nous avons besoin. C’est ce que nous avons défendu auprès des citoyens ; c’est ce qu’ils nous ont demandé.
Le budget européen doit enfin devenir un outil de stabilisation macro-économique au sein de l'Union, mobilisant tous les moyens, comme les garanties de projets ou la BEI. La dotation jeunesse est insuffisante et doit s’appliquer aux jeunes jusqu’à 30 ans. La convergence fiscale et sociale doit aller plus loin. La construction d’une Europe de l’énergie nécessite des ressources supplémentaires…
C'est pourquoi, j'ai décidé de ne pas voter pour M. Juncker. Par ce vote, je veux envoyer un signal clair auprès de celles et de ceux qui veulent que l'Europe change, qui veulent réorienter l'Europe. Par ce vote, je lutte contre désamour grandissant des européennes et des européens à l'égard de l'Europe. Je suis pro-européen, je veux plus d'Europe mais je veux rester fidèle à mes valeurs pour construire une autre Europe.
Ne pas voter pour M. Juncker, c'est un signe d’exigence et de vigilance. Celui d’un parlementaire de gauche qui attend des engagements plus concrets, plus chiffrés et qui transforment plus profondément la politique européenne en lui donnant un nouveau cap vers plus de prospérité, de justice et de solidarité.
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