AJR, RNJ, kJ, kcal... voilà quelques exemples des abréviations obscures qui ornent souvent les emballages des produits que nous consommons. Derrière ce langage souvent incompréhensible se cache la qualité nutritionnelle de notre alimentation.
L'Europe malade de la malnutrition?
Dans notre société de consommation, ces informations sont nécessaires notamment dans la lutte contre la malnutrition. L'ampleur prise par ce problème est effarante en France et en Europe. Entre 1997 et aujourd'hui, le taux d'obésité chez les adultes est passé de 8,5% à 15%. Aujourd'hui, 6,9 millions sont actuellement en situation d'obésité au péril de leur santé. Les socialistes ont voulu porté dans la campagne des européennes le projet d'une société du bien-être. Voilà le défi que nous devons relever, celui d'assurer une haute qualité de nutrition en Europe.
L'enjeu est bien européen. Les scandales de la vache folle ou plus récemment de la viande frauduleuse de cheval ont jeté une lumière crue sur les dérives potentielles de notre système agroindustriel et du besoin de législation avant tout européenne. Face à ces crises sanitaires et aux exigences de la société du bien-être, l'information des 500 millions de consommateurs est une nécessité absolue.
Au Parlement européen, je suis l'un de ceux qui appelle au renforcement de notre législation en faveur des consommateurs. J'ai ainsi été à l'origine d'un rapport invitant la Commission européenne à imposer un étiquetage de l'origine des viandes obligatoire, même dans le cas des plats cuisinés, afin que des situations comme celle où les européens ont cru acheter de la viande de bœuf et on en réalité mangé de la viande cheval ne se reproduisent plus. Redonner confiance dans une Europe protectrice est l'une de mes priorités en tant que vice-président de la commission environnement, santé publique et sécurité alimentaire du Parlement européen.
Un code couleur pour lutter contre le cancer, les maladies cardio-vasculaires, le diabète, l'obésité...
Bien informer les consommateurs européens est un combat incessant. En 2011, les socialistes n'ont pas réussi à s'imposer face aux conservateurs pour que des feux couleurs très facilement compréhensibles pour s'informer sur la qualité nutritionnelle d'un produit soit apposées à l'avant des denrées européennes. En effet, des produits a priori proches ont en fait des valeurs nutritionnelles bien différentes. Par exemple, des céréales de petit déjeuner sont très grasses et sucrées, d'autres beaucoup moins. Un système de couleur pour qualifier positivement ou négativement ces produits faciliterait largement le choix des consommateurs, bien plus qu'une ribambelle de chiffres assorties de sigles inconnus.
Cette information des consommateurs est d'autant plus cruciale qu'une mauvaise nutrition n'induit pas uniquement l'obésité mais aussi des risques cardiovasculaires, de diabète et certains cancers. Il est donc clair que notre alimentation constitue la première des préventions contre ce type de maladies. Des indications claires et simples sur les bienfaits des produits pourront ainsi diminuer le risque de diabète, une maladie qui naît aussi des désordres alimentaires, ou permettront de combattre l'apparition des cancers. Selon le Fonds Mondial pour la Recherche sur le Cancer, une meilleure alimentation pourrait diviser par trois le nombre de cas de cancers en France. Ce n'est pas négligeable. Informer au mieux pour protéger au maximum, là réside notre devoir envers les consommateurs européens.
C'est pour cette raison que je soutiens la mise en place d'un étiquetage nutritionnel simplifié: un code de cinq couleurs désignant les aliments les plus ou moins recommandables pour notre santé. Un tel système informera efficacement et simplement les consommateurs sur la qualité et les bienfaits potentiels de ce qu'ils consomment.
La malnutrition: une lutte pour l'égalité sociale
Ce combat n'est pas uniquement sanitaire mais constitue également une lutte contre les inégalités sociales. Constatons les chiffres: le taux d'obésité est de 24,1% pour les personnes ayant un revenu mensuel de moins de 1200 euros alors qu'il est de seulement 8,3% pour ceux dont le revenu mensuel est supérieur à 3800 euros. L'inégalité devant l'information nutritionnelle est flagrante et il convient de simplifier le système pour ceux qui ne maitrisent pas toujours les significations des chiffres inscrits au dos de nos produits.
Voilà un combat que je poursuivrai en France et relancerai en Europe, en tant que Vice-président de la commission environnement, santé publique et sécurité alimentaire du Parlement européen, en invitant la Commission européenne à modifier le règlement sur l'information des consommateurs.
Une Europe avant tout protectrice pour ses consommateurs
Évidemment, certaines exceptions devront être mises en place pour ne pas pénaliser notre patrimoine culinaire européen mais il ne s'agit pas d'une excuse pour ne pas légiférer intelligemment. Nous ne devons pas céder à la pression des lobbys qui sont déjà vent debout contre l'étiquetage couleur des valeurs nutritionnelles.
L'intérêt des citoyens primera toujours pour moi: selon une étude de l'association Consommation, logement et cadre de vie, 85% des Français sont en faveur d'une telle mesure. Alors, allons-y, contre la mauvaise volonté des industries, et proposons une information de la qualité de nos aliments claire, lisible et juste. Voilà l'un de mes engagements forts pour les cinq prochaines années au Parlement européen en faveur d'une Europe protectrice et de la confiance contre l'Europe des intérêts privés et financiers.
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