Le conflit israélo-palestinien dure depuis maintenant 66 ans et donne l’impression de s’enfoncer toujours plus profondément dans l’impasse. Les violences que le peuple palestinien subit en ce moment porte un coup fatal à la timide reprise des pourparlers de paix du début de cette année. La coexistence des palestiniens et des israéliens n’a rarement paru aussi éloigné, l’existence de deux Etats si improbable.
La solution des deux Etats, l’un palestinien, l’un israélien, seule issue possible
Il est opportun de rappeler qu’après les atrocités de la seconde guerre mondiale à l’égard des populations juives, il n’y avait aucun doute : un Etat Israélien en Palestine devait exister. La création de cet Etat en 1948 constitua une victoire majeure contre ce siècle des barbaries que fut le XXème siècle. Le climat de la région n’a cependant pas tardé à se dégrader avec les premiers conflits entre Israël et ses voisins arabes. Là arrive le premier paradoxe, la faute originelle : d’une guerre de défense de son territoire, Israël est passé à une politique d’occupation et de colonisation permanente des territoires palestiniens.
Si la reconnaissance de l’État d'Israël est juste, la colonisation rampante du territoire palestinien est injustifiable. Le Général De Gaulle le déclarait déjà après la Guerre des Six-Jours : comment s’étonner qu’une résistance toujours plus radicale s’organise contre Israël quand ce pays est présent militairement sur un territoire, organise son blocus et rationne le peu de ressources en eau, nourriture et énergie dont dispose le peuple palestinien ?
Si la France a toujours soutenu la reconnaissance d’Israël, nous devons également toujours soutenir le respect du droit international, des voisins arabes et affirmons l’obligation de reconnaître un Etat Palestinien.
L’Union européenne doit forcer la reprise du processus de paix
Il faut être clair. L'existence des deux Etats - un Etat israélien et un Etat palestinien - n'aboutit pas parce que les autorités politiques actuelles d'Israël n'en veulent pas. Voilà la réalité. Je rappelle cette belle phrase de Mahmoud Abbas qui résume tout à fait ma pensée : « Il n'y a pas un État de trop mais il manque un État au Moyen Orient. »
Que pouvons nous faire face à cette situation ? Il est temps que l'Europe prenne ses responsabilités. Arrêtons d'avoir peur d'agir alors que nous sommes les premiers partenaires commerciaux d’Israël. Faisons de la politique. On ne peut pas rester dans cette situation où Israël ne veut pas discuter du processus de paix pour la reconnaissance d'un Etat palestinien. Nous ne pouvons pas être complices de la poursuite de ce cycle du désespoir. Nous ne pouvons pas abandonner la thèse des deux Etats. Arrêtons d'avoir des positions faibles et d'affaiblir le peu de dispositions que nous prenons comme par exemple le non-financement de l’Union européenne pour des projets israéliens en territoires occupés.
La France ne peut pas apparaître complice dans ce confit
La réaction des autorités françaises au commencement de cet énième cycle d’atrocités entre israéliens et palestiniens a été maladroite. En affirmant simplement qu’Israël a le droit de se défendre sans prendre en compte le contexte de ce conflit, la France a pris le risque d’apparaître partiale en faveur d'Israël malgré la politique diplomatique constante d'équilibre de notre pays et cela depuis le début de la Vème République.
Cette réaction française a aussi donné l’impression d’un conflit simplement binaire alors que des voix discordantes existent dans chaque camp, des voix qui s’opposent à la brutalité de l’affrontement armé. Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité Palestinienne, est ainsi un farouche partisan d’une solution diplomatique, s'opposant à la violence stérile du Hamas, se réclame des accords d’Oslo et reconnaît l’Etat d’Israël. Shimon Peres, Président de l’Etat d’Israël, est lui aussi un partisan d’une solution diplomatique sous l’égide de l’ONU, de la reconnaissance de l’Etat Palestinien et s’oppose régulièrement aux faucons belliqueux du gouvernement de M. Netanyahou. M. Peres considère même M. Abbas comme un homme de principe avec qui Israël doit négocier. Les hommes de bonne volonté ne manquent donc pas dans le conflit israélo-palestinien, il serait dangereux que la France occulte cette réalité au détriment de sa position juste, habituelle et équilibrée dans ce conflit pour rechercher et être promoteur de la Paix.
Interdire les manifestations est une erreur
Je salue la décision des autorités françaises d’autoriser la prochaine manifestation en soutien au peuple palestinien à Paris mercredi prochain. L’interdiction des précédentes manifestations était une erreur me semble-t-il dans la mesure où elle jetait encore un peu plus le soupçon sur la complicité de la France dans ce conflit.
Cette interdiction s’opposait aussi à nos valeurs de gauche. Dans ma vie militante, c'est toujours un honneur que de manifester pour la fin des souffrances du peuple palestinien et pour la création d'un État Palestinien au côté de l'État d'Israël. Il était donc anormal de déclarer irresponsable ceux qui voulaient manifester leurs convictions sur la place publique. Il est d’ailleurs remarquable de constater que là où les manifestations ont été autorisées, elles sont se déroulées sans heurts et exactions condamnables.
Revenir à nos fondamentaux
Il convient désormais de revenir à nos fondamentaux diplomatiques : un cessez-le-feu immédiat entre le Hamas et Israël, l’évacuation complète des troupes israéliennes des territoires palestiniens, la fin du blocus qui empêche le peuple palestinien de se développer et d’exister véritablement et évidemment la reconnaissance mutuelle des deux Etats.
Nous ne pouvons plus tolérer ces cycles d’affrontements qui recommencent tous les deux ou trois ans dont les civils sont les premières victimes et qui gangrènent la paix au Proche-Orient et au delà.
Sur les plus de 500 morts depuis le début des affrontements au début du mois de juillet, la plupart sont des femmes et des enfants. L’escalade de la violence et le cycle de la désespérance ne peuvent plus se poursuivre. L’Europe doit ainsi prendre ses responsabilités pour soutenir cette solution diplomatique qui mettra fin définitivement à ce désastre. Voilà le message politique fort que nous devons réaffirmer aujourd’hui.