Lors de la venue de Jo LEINEN, eurodéputé socialiste allemand, mercredi 21 mars à Lille, nous avons eu l'opportunité d'échanger sur la place de l'Europe dans la campagne électorale actuelle.
Notre objectif était également de présenter les propositions européennes défendues par François HOLLANDE, lors de la réunion des leaders européens socialistes à Paris du 17 mars dernier.
De fait, l'incapacité des gouvernements européens à trouver des solutions rapides à la crise a contribué à la mise en danger du projet européen. Il est questionné pour son efficacité dans la mesure où l'Europe était censée apporter la prospérité et non l'austérité généralisée.
Nous avons ainsi largement critiqué le traité intergouvernemental d'austérité budgétaire promu par le duo Sarko-Merkel et justifié notre volonté de renégocier ce traité en cas de victoire socialiste. Nous lui opposerons au contraire le pacte de croissance et de responsabilité qui passe par l'investissement, l'utilisation du potentiel représenté par les fonds européens ou encore la mise en place d'eurobonds pour financer des programmes d'investissement.
Cette volonté de renégociation est critiquée par la droite comme irresponsable. Mais il est tout à fait légitime que si la gauche arrive au pouvoir, elle mette en cause un texte qui prescrit des politiques de droite et qui a été signé mais pas encore ratifié! Ce traité intergouvernemental constitue en effet un instrument pour généraliser l'austérité en Europe et des politiques économiques d'inspirations conservatrices. Il ignore l'enjeu essentiel que représentent la croissance et l'investissement. Les Etats-Unis, qui sortent progressivement de la crise alors que la France où ses effets y ont été moins durs s'y enfonce, se sont eux-mêmes inquiétés de l'approche retenue au niveau européen. Par ailleurs, nous ne fuyons pas la responsabilité budgétaire puisque nous inscrirons dans une loi de programmation budgétaire le principe d'un retour à l'équilibre de nos comptes publics en 2017.
Au cours de la conférence de press, nous avons souligné l'importance de la taxation sur les transactions financières comme politique européenne susceptible de dégager des recettes nouvelles pour le budget européen et de lutter contre les activités spéculatives.
Jo LEINEN, en tant qu'eurodéputé, ancien Président de la commission des affaires constitutionnelles du Parlement européen (2004-2009) et de la commission environnement (2009-2012) a quant à lui exposé la manière dont il percevait les enjeux éléctoraux français. Il a rappelé que "le changement maintenant", c'était un slogan pour la France mais aussi pour l'Allemagne qui a des élections régionales importantes, ce dimanche et des élections législatives en 2013. Il a regretté que le débat sur l'Europe soit stigmatisant et a souligné que le populisme sur ces enjeux se retrouvait plus à droite qu'à gauche. Il a par conséquent plaidé pour le développement d'une plate-forme commune pour renforcer l'unité européenne. Le retour à une approche purement nationale face aux défis globaux comme le changement climatique ou la compétititon internationale n'est en effet plus envisageable. La construction européenne reste donc un élément de sortie de la crise.
Anne WETZEL, secrétaire fédérale à l'Europe, a rappelé l'importance de la dimension citoyenne. Elle a ainsi évoqué les initiatives communes développées avec d' autres partis socialistes européens, notamment en Allemagne et en Belgique. Cette coopération commune s'est ainsi concrétisée par une campagne et un tractage commun à Lille le 17 mars au moment où se tenait la réunion des leaders socialistes à Paris. Dans le cas des débats autour de la taxe sur les transactions financières, elle ainsi rappelé que le PS et le SPD avait développé un tract identique pour promouvoir cette idée commune sur le terrain.
La coopération franco-allemande est ainsi une dimension importante du projet européen. Cependant, dans la lignée de François HOLLANDE pour qui "l'Europe est la responsabilité commune de la France et de l'Allemagne mais l'Europe n'est pas la propriété commune de la France et de l'Allemagne, Jo LEINEN a fort justement souligné que "le duo franco-allemand est le moteur de l'Europe mais il n'est pas toute la voiture".