Dans un article précédent, je vous avais indiqué que les premiers soupçons portés sur l'entreprise de prothèses mammaires PIP datés de 2000. Il s'avère aujourd'hui que l'alerte avait déjà été tirée en 1996.
C'est en effet ce que révèle le rapport remis, mercredi 1er février, au Ministre de la santé par le directeur général de la santé, Jean-Yves Grall, et le patron de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), Dominique Maraninchi. Ces derniers étaient chargés de détecter d'éventuels dysfonctionnements de la part des autorités depuis la création de PIP en 1991.
La première alerte est lancée en 1996, un an après la mise sur le marché des prothèses mammaires PIP remplies de gel en silicone. A cette époque, la direction des hôpitaux est encore en charge, avec la DGS, de l'inspection, du contrôle et de la vigilance des dispositifs médicaux, dont les prothèses mammaires. Le 12 août 1996, la direction des hôpitaux reçoit anonymement "différents courriers/fax impliquant la société PIP sur le non-respect de certaines dispositions du code de santé publique, la non notification règlementaire d'incidents et le rappel de lots à l'autorité administrative". Les autorités se déplacent, enquêtent et notent que les conditions de production sont "farfelues" au point de le signaler au procureur de la République de Toulon, ce qui se traduit par une suspension de la fabrique des prothèses concernées jusque...mi 1997.
En 1996, 41 incidents ont déjà été enregistrés quand les courriers anonymes sont transmis à la direction des hôpitaux. Ce chiffre concerne uniquement les prothèses vendues en France. Aucune estimation n'est possible s'agissant des produits envoyés à l'étranger. Au cours de cette même année, huit explantations sont réalisées à la suite de dégonflements ou de fuites des prothèses PIP.
Les autorités sanitaires françaises reconnaissent aujourd'hui qu'elles auraient pu renforcer la surveillance sur cette entreprise à partir de 1996 aux vues de " la gravité des incidents provoqués par les prothèses PIP".
Il faudra cependant attendre 2010 pour que l'Afssaps tire la sonnette d'alarme et que Jean-Claude Mas, fondateur de l'entreprise PIP, soit convoqué devant le tribunal de commerce de Toulon, procès qui se soldera par la liquidation judiciaire de PIP en mars 2010.
1996-2010, quatorze années au cours desquelles des plaintes de victimes et de chirurgiens ont été déposées partout en Europe. Quatorze années au cours desquelles, Jean-Claude Mas a pu impunément tromper l'ensemble du système sanitaire français et plus largement le système de certification et d'homologation européen.