Dans la perspective du 17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère, le Conseil Municipal de Lille a adopté le 14 octobre une motion pour dénoncer la remise en cause du Programme Européen d'Aide aux plus Démunis, après le jugement de la Cour Européenne de Justice, en date du 13 avril 2011.
Mis en place en 1987 pour fournir de l'aide alimentaire en utilisant les stocks agricoles excédentaires, la réduction progressive des surplus avait conduit la Commission européenne à acheter sur le marché les produits alimentaires distribués aux différentes banques alimentaires. L'Allemagne, soutenue par plusieurs Etats membres, a dès lors contesté, en avril dernier, auprès de la Cour Européenne de Justice la prise en charge par la Politique Agricole Commune (PAC) de cette mesure considérée comme essentiellement sociale. Les suites favorables de la Cour Européenne conduiront dès lors à réduire l'enveloppe attribuée pour les 19 Etats membres, dont la France, qui bénéficient de cette aide. Ceci va bien sûr altérer la campagne 2012-2013 des banques alimentaires et mettre en péril leur équilibre budgétaire puisque l'aide risque de passer de 500 millions d'euros par an à 111 millions.
Initiée par Jacques DELORS, Président de la Commission européenne, cette distribution gratuite de nourriture en Europe a été lancée dans l'urgence, après l'hiver exceptionnellement froid de 1986 et le plaidoyer de Coluche auprès du Parlement européen. Ce mécanisme de distribution fournit actuellement de l'aide alimentaire à 240 banques alimentaires en Europe, soit 13 millions d'individus dans 19 Etats membres. On ne peut concevoir, au regard de la gravité de la crise actuelle, de remettre en cause son financement. Cette initiative enverrait un message désastreux en temps de crise économique et accentuerait un peu plus la défiance vis à vis du projet européen.
Je salue donc l'adoption de cette motion qui exprime notre solidarité avec les bénévoles travaillant quotidiennement au sein des différentes associations pour fournir de l'aide aux plus démunis. Notre initiative représente un signal fort démontrant que nous anticipons les conséquences de la possible diminution des fonds attribués à ce programme. Nous prendrons ainsi nos responsabilités dans le cas où les blocages persistent au niveau européen. A cet égard, nous serons très attentifs aux prochaines négociations qui auront lieu lors du conseil des ministres européens de l'agriculture, le 21 octobre, où le sort du PEAD va se jouer.