COMMUNIQUE DE PRESSE
« Un discours pavé de bonnes intentions mais suscitant de nombreuses frustrations »
Le Ministre hongrois Miklos RETHELYI a présenté le 25 janvier, à Bruxelles, en commission environnement, santé et sécurité alimentaire, les priorités de la Présidence hongroise de l'Union européenne pour les six mois à venir en matière de politique de santé. Gilles PARGNEAUX, eurodéputé socialiste membre de cette commission, a tenu à souligner les insuffisances du programme affiché notamment face à la recrudescence des scandales sanitaires. Il déplore l’absence, parmi les propositions du Conseil européen présidé par la Hongrie, de mesures concrètes pour améliorer les normes sanitaires européennes et limiter les conflits d’intérêts. Il a également regretté l’absence de réelles positions concernant les récentes études européennes mettant en cause le caractère cancérigène de l’aspartame présent dans les aliments et les boissons allégés.
«De nombreux scandales sanitaires éclatent en Europe, mais il faut cependant noter la faible coordination entre échelon national et européen pour mettre en place une vigilance sanitaire redoublée dans le cadre d’un marché commun où les médicaments et les aliments circulent librement. Le Ministre a évoqué les avancées en matière de pharmacovigilance mais ne précise pas la manière dont les États membres et les agences européennes, que ce soient l’Agence Européenne du Médicament (EMEA) ou l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA), peuvent améliorer leur coordination. Puisqu'en matière de santé, tout va vite et tout s’accélère, et surtout les scandales sanitaires que ce soient la gestion de la grippe H1N1, le mediator, le champix ou encore l’aspartame. Face à tous ces défis en matière de santé et de sécurité alimentaire, nous avons de la part du Ministre hongrois, certes un discours pavé de bonnes intentions, mais qui suscite de nombreuses frustrations. En effet, nous n’avons pas le sentiment que le Conseil prenne la mesure des enjeux et de la nécessité de revoir le fonctionnement de certaines agences européennes de régulation ».
Gilles PARGNEAUX poursuit : « Le Ministre hongrois n’a pas répondu à la plupart de nos interrogations liées au déficit européen en matière de régulation. Il ne propose pas de réelles solutions pour empêcher les conflits d’intérêts, qui comme dans le cas français avec le mediator, sont le premier facteur expliquant la faillite des régulateurs. Le poids des intérêts constitués, représentés par les industries pharmaceutiques ou alimentaires ainsi que leurs lobbyistes, empêchent la transparence en matière sanitaire. Beaucoup d’études européennes, comme celles sur les effets de l’aspartame, présente dans les boissons dites light, restent confidentielles. Alors que des chercheurs danois et italiens ont réalisé des études quantitatives et qualitatives sur les incidences à long terme de la consommation de sodas non gazeux sucrés aux édulcorants, les autorités sanitaires européennes comme l’EFSA restent imperméables à ces remises en cause. C’est pour cela que j’ai demandé à la Commission européenne de réactualiser l’évaluation de cette agence, datant de 2002, sur l’aspartame, pour prendre en compte les développements scientifiques les plus récents ».
L’eurodéputé conclut : « Cette étude sur l’aspartame pourrait être publiée au cours la Présidence hongroise. J’espère que les conclusions de l’EFSA la convaincront, et plus largement le Conseil, de se saisir du dossier de l’amélioration de la régulation, de la vigilance sanitaire et de la coordination entre agences européennes et États membres».