« A l’occasion du séminaire européen d’aujourd’hui sur l’intégration des Roms, organisé à l’initiative d’Hélène Flautre, députée européenne, je voudrais saluer cette démarche qui consiste à favoriser l’échange d’expériences européennes. La ‘question sociale Rom’ met en jeu les fondamentaux même du projet européen fondé sur les principes de solidarité, de libre circulation et de protection des droits de l’homme. Dans le cas de cette minorité européenne transnationale, les capacités de coordination entre États-membres doivent être encouragées. Les politiques communautaires en la matière, concrétisées par de nombreux programmes d’inclusion financés par la Commission européenne, ont cependant montré leurs limites lorsqu’il s’agit de faire sortir les Roms de l’extrême dénuement dont ils sont victimes.
Face à l’absence de politiques nationales et à l’hostilité comme seul projet, les élus locaux et les communes se retrouvent en première ligne pour se saisir de cette question. Les initiatives menées par la Communauté Urbaine de Lille (CUDL) en sont un bon exemple. Par les expériences pilotes qu’elle a décidées de mettre en oeuvre, en particulier les villages d’insertion, Lille constitue un ‘laboratoire’ qui espère bénéficier de l’échange de bonnes pratiques et des recommandations que ne manqueront pas de susciter le séminaire d’aujourd’hui. Mettre en place des politiques sociales pour les Roms représente, dans le climat politique actuel, un défi. Si l’Union européenne, par ses programmes structurels (FEDER, FSE) ou ses rappels au respect des droits fondamentaux, constitue une alliée de poids, j’ai pu faire personnellement l’expérience, en tant que vice-président de Lille-Métropole Communauté Urbaine, de cette difficulté. En particulier avec la préfecture, lorsqu’il s’agit de débloquer les fonds européens en faveur de projets d’insertions destinés aux populations Roms. Cependant, des alternatives existent. Ainsi, le Conseil de l’Europe a dégagé des financements pour créer des postes de médiateurs, et dans le cas de Lille, je veillerai, en tant que député européen et vice-président de la CUDL, à ce que notre ville en bénéficie.
La France, rare pays membre de l’UE à ne pas avoir ratifié la Convention-cadre du Conseil de l’Europe sur la protection des minorités nationales, rencontre ainsi de grandes résistances politiques dans la mise en place de stratégies nationales d’inclusion et de lutte contre les discriminations. Les Roms en sont actuellement les victimes les plus visibles. Les initiatives locales, à Leeds, Turin ou Lille, montrent cependant la voie d’une autre démarche que celle de la stigmatisation et de l’exclusion. Et c’est notre devoir de les encourager et de favoriser une authentique politique sociale européenne ».
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