La Présidence suédoise de l'UE éprouve le plus grand mal à dégager un consensus sur les postes de Président stable du Conseil européen et de Haut Représentant pour les affaires étrangères. Les nominations doivent être décidées jeudi 19 novembre, lors d'un dîner des chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept à Bruxelles.
En l'absence de "noms définitifs", il est bon de revenir, un instant, sur les améliorations institutionnelles introduites par le Traité de Lisbonne et plus particulièrement sur le rôle du futur Président de l'Union européenne.
La Président stable du Conseil européen est censé assurer une véritable continuité aux travaux européens. Tandis que le Haut représentant pour les affaires étrangères doit rétablir cohérence et visibilité au sein de l'action extérieure européenne, en fusionnant au sein d'un même poste deux fonctions actuellement exercées par deux personnes différentes: le Haut Représentant pour la PESC et le Commissaire aux Relations Extérieures. L'entrée en vigueur du traité, le 1er décembre prochain, marquera le début des mandats de ces nouveaux acteurs européens.
La nomination d'un Président du Conseil européen pour un mandat de deux ans et demi, renouvelable une fois, est perçue comme l'innovation institutionnelle la plus marquante du Traité de Lisbonne. L'introduction d'un nouvel acteur politique vise à combler les faiblesses du système de présidence tournante qui a, jusqu'ici, bridé l'efficacité des travaux du Conseil. Toutefois, la présidence tournante va demeurer pour assurer la présidence des Conseils des ministres (à l'exception du Conseil de l'Eurogroupe et de celui des affaires étrangères et de sécurité). La confusion des rôles va donc inévitablement subsister.
Selon le traité, le Président de l'UE est chargé de la "préparation et de la continuité des travaux du Conseil européen en coopération avec le Président de la Commission et sur la base des travaux du Conseil Affaires Générales". Au-delà de cette définition, un certain flou subsiste sur les véritables compétences du futur Président de l'UE et sur le rôle qu'il jouera sur la scène européenne. Sera-t-il un "chairman" qui veillera à améliorer le processus de décision de l'Union en proposant des priorités et des objectifs clairs au Conseil européen et en s'assurant de leur mise en œuvre ou sera-t-il un "leader" qui tentera d'imposer ses positions aux chefs d'Etat et de gouvernement et à la Commission? Le perpétuel dualisme opposant l'intergouvernemental et le communautaire se pose une fois de plus.
Le premier Président de l'UE devra ainsi "trouver sa place" et aura, sur ce point, une marge d'erreur très étroite. Il ne pourra pas se comporter comme l'unique "leader". En effet, la nouvelle architecture lui imposera plus qu'avant une collégialité qui ne saura être ignorée, au risque de paralyser l'Union européenne. Le rôle des trois institutions européennes-le Parlement, le Conseil des ministres et la Commission- devra être préservé et respecté afin de ne pas mettre à mal la méthode communautaire.
Le choix du premier titulaire du poste et la procédure de sa nomination seront donc déterminants dans la définition de son rôle. Dans cette perspective, les chefs d'Etat et de gouvernement, chargés de nommer le futur président de l'Union, devraient s'assurer de l'adéquation des candidats au poste au lieu de privilégier, à cela, les marchandages de couloirs propres aux jeux traditionnels de la diplomatie.
Le processus de nomination du Président de l'UE et du Haut Représentant pour les affaires étrangères se poursuit actuellement dans une absence totale de démocratie et même de transparence. Les chefs d'Etat et de gouvernement manquent, une fois de plus, une occasion de rendre plus proches les institutions communautaires des citoyens européens. Ces derniers devront, semble-t-il, attendre le 19 novembre, date du sommet extraordinaire, pour connaître le nom des deux nouveaux acteurs de la scène européenne.
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