Le comité scientifique européen sur les risques sanitaires et environnementaux (SCHER) a rendu fin septembre 2013 un rapport préliminaire très attendu concernant la pollution occasionnée par le mercure dentaire et les effets indirects de cette substance sur la santé publique.
Ce rapport montrait que le mercure issu des « plombages » contamine les poissons d’une manière qui peut présenter un risque pour les consommateurs. Toutefois ce travail minorait voire ignorait d’importants aspects.
Pour information, de nombreuses études révèlent que le mercure élémentaire est un CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique) qui s'amasse toute la vie dans le cerveau, les glandes endocrines, et le système cardio-vasculaire et provoque des maladies chroniques (Alzheimer, Parkinson, autisme).
Les rejets de mercure dans l'environnement représentent également un danger pour celui-ci, se retrouvant sous différentes formes dans l'atmosphère, les sols ou les cours d'eau.
Les citoyens et personnes morales étaient invités à adresser leurs commentaires au SCHER jusqu’au 20 novembre. De nombreuses contributions ont été déposées.
Notamment :
- l’Alliance mondiale pour une dentisterie sans mercure a rappelé qu’il n’existe pas de seuil en dessous duquel le mercure serait sans risques et déploré que le SCHER ne tienne pas compte des populations vulnérables ;
- le Bureau Européen de l’Environnement a montré que de nombreuses données existantes n’avaient pas été considérées par les experts, ce qui les conduit à minorer la pollution imputable au mercure dentaire – notamment lors des crémations ;
- 8 sociétés dentaires européennes ont proclamé que l’usage des amalgames ne se justifie plus ;
- la Confédération des Syndicats Européens (ETUC) a regretté que le sujet de l’intoxication professionnelle, très documenté, n’ait pas été pris en compte ;
- l’association française Non Au Mercure Dentaire a signalé que des études nombreuses donnent à penser que la pollution au mercure dentaire participe au développement du phénomène extrêmement préoccupant de l’antibiorésistance ;
- l’association allemande Centrum für Amalgam Toxicologie a mis en perspective le contexte global et des effets généraux du mercure, qui ne peuvent pas être oblitérés dans un rapport de cette nature.
Mais le SCHER a fait preuve d’une absence singulière de coordination et de contrôle sur ses publications en publiant ce même 20 novembre un bulletin d’information qui reprend les résultats du rapport préliminaire.
Cela signifie-t-il que les avis des contributeurs sont d’avance condamnés à ne pas être lus ? Face à de telles pratiques, j’ai interrogé la Commission européenne.
Je l’ai appelée à demander au SCHER à clarifier ses intentions, à retirer son bulletin d’information et à examiner sérieusement les commentaires qui lui avaient été adressés.
Je ne manquerai pas de vous transmettre la réponse de la Commission européenne, dès sa réception.