Le blog de Gilles Pargneaux

Audition de Siim Kallas, Commissaire désigné aux transports

Ce matin, j'ai interrogé Siim Kallas, Commissaire désigné aux transports lors de son audition au Parlement européen.

 

J'ai souhaité lui poser une question sur le développement  des transports maritime et fluvial, priorités clés de l'intermodalité. D'un point de vue écologique, le mode fluvial permet d'économiser de l'énergie, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les émissions polluantes. Ce sont donc des transports fiables, économiques, peu bruyants et surtout peu polluants.

A titre d'exemple, un canal à grand gabarit Seine-Nord Europe sera construit à l'horizon 2015 pour relier le Grand Bassin parisien au Nord-Pas-de-Calais, et au-delà, le Benelux et les 20 000 km du réseau fluvial européen. Entre 13,3 et 15 millions de tonnes de marchandises seront transportées en 2020 sur ce nouveau canal, soit l'équivalent de 500 000 poids-lourds par an.

 

Pour ces raisons, j'ai donc demandé au Commissaire désigné de m'indiquer de quelle façon il entendait promouvoir le développement du fret fluvial et maritime au cours des cinq prochaines années.

 

Sa réponse a été d'ordre général. Siim Kallas a avant tout prôné la modernisation des ports, des navires et des voies navigables ainsi que l'abolition des obstacles bureaucratiques qui freinent le développement des transports maritime et fluvial. Selon le Commissaire désigné, ces modes de transports peuvent effectivement contribuer à réduire la congestion et la pression environnementale qui caractérisent d’autres modes, à condition de réduire les émissions polluantes de la navigation.

Grâce au littoral très étendu et au grand nombre de ports que compte l’Europe, le secteur maritime représente une précieuse solution de rechange au transport terrestre, comme l’illustre le concept d’«autoroutes de la mer»16. De plus, le transport par conteneurs a contribué d’une manière importante à la croissance. Il présente un potentiel élevé pour les solutions logistiques qui exploitent les synergies entre les transports maritime et ferroviaire et/ou fluvial.

 

En tant que membre de la Commission transports et tourisme,  je m'engage à suivre de près le travail et les actions du futur Commissaire aux transports, si ce dernier venait à être confirmé dans ses fonctions lors du vote du Collège, le 26 janvier prochain.

 

Audition du Commissaire à la Concurrence, Joaquin Almunia

Hier, j'ai participé à l'audition du Commissaire européen Joaquin Almunia. Le socialiste espagnol, en charge des Affaires économiques et monétaires, s’attaque, dans la nouvelle Commission, à la Concurrence.

M. Almunia a détaillé ses ambitions pour une politique de concurrence de l'UE au service de la reprise économique. Beaucoup d'eurodéputés l'ont questionné sur sa position vis-à-vis des aides publiques aux institutions financières et les moyens à sa disposition pour décourager le comportement imprudent des banques.

Concernant la stratégie de sortie de crise, il a rappelé qu'il serait nécessaire de développer une politique de la concurrence loyale, équitable et opposée aux délocalisations semblables à celle pratiquée récemment par la société Dell. Cette politique devrait permettre aux services publics de constituer une véritable force pour la croissance européenne. 

 

Le financement de la lutte contre le changement climatique a également été abordé au cours de l'audition. Selon le Commissaire "la taxe sur les transactions financières pour financer l'aide au développement proposée par la France est une excellente idée" mais qui n'est encore "pas viable". Il estimait que "pour qu'elle devienne viable", il serait nécessaire d'intensifier " la réflexion sur la façon de "rendre cette idée opérationnelle".

Cette semaine, je continuerai à vous rendre compte des auditions auxquelles je participe.

Il est bon de rappeler que ces auditions se déroulent dans un contexte politique extraordinaire, en raison notamment de l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, du caractère obsolète de la stratégie de Lisbonne et du débat actuel sur une crise économique sans précédent.

 

 

Grand oral des commissaires européens désignés

Du 11 au 19 janvier, le Parlement européen auditionnera les 26 commissaires candidats proposés par le Conseil et le Président de la Commission, José Manuel Barroso.

Vous pouvez suivre les auditions en cliquant sur le lien suivant :  http://www.europarl.europa.eu/hearings//default.htm?language=FR

 

Ces "commissaires désignés" seront soumis pendant trois heures aux questions des députés des commissions parlementaires correspondant à leurs portefeuilles. Ils seront jugés sur leurs connaissances spécifiques dans leurs domaines, ainsi que leur engagement européen, leur indépendance et leurs capacités à communiquer.

En tant que membre titulaire de la commission environnement, santé publique et sécurité alimentaire et membre suppléant de la commission transport et tourisme, j'interrogerai les commissaires désignés suivants:

-Connie Hedegaard, Commissaire au changement climatique

-Janez Potocnik, Commissaire à l'environnement

-John Dalli, Commissaire en charge de la santé et de la protection des consommateurs

-Siim Kallas, Commissaire aux transports

-Rumiana Jeleva, Commissaire à la coopération internationale et à l'aide humanitaire

-Joaquin Almunia, Commissaire en charge de la concurrence

-Gunter Oettinger, Commissaire à l'énergie

-Antonio Tajani, Commissaire en charge de l'industrie et de l'entreprenariat

 

Les députés des commissions parlementaires compétentes rendront ensuite leurs conclusions par écrit à la Conférence des Présidents (constituée du Président du PE et des présidents des groupes politiques), qui se réunira avec les présidents des commissions parlementaires afin de délibérer sur les résultats.

C'est à ce moment que des demandes éventuelles de changements dans la composition de l'équipe pourraient être formulées. En 2004, suite à la pression exercée par le Parlement européen avant son vote final sur la nouvelle Commission, deux changements de commissaires et un changement de portefeuille avait été effectués.

 

Le Parlement donnera son vote final pour l'approbation de la nouvelle Commission lors d'une séance plénière extraordinaire qui se tiendra à Bruxelles le 26 janvier. Il ne peut qu'approuver ou rejeter la nouvelle Commission dans son ensemble.

 

Restrictions de liquides dans les avions

Vider sa bouteille avant d’embarquer ou se la voir confisquer, c’est le choix cornélien encore vécu par des milliers de passagers dans les aéroports de l’Union européenne depuis trois ans.

 

Les tentatives d’actions terroristes déjouées à Londres, en août 2006, ont mis en avant les dangers que représentent, pour le transport aérien, de faibles volumes d’explosifs liquides ainsi que l’absence, sur le marché, d’équipements analyseurs de liquides capables de les détecter.

C’est pourquoi les règlements de sûreté de l’aviation civile en vigueur dans l’Union Européenne ont été amendés, interdisant l’emport des liquides dans les bagages de cabine, à l’exception de flacons de 100 ml au plus, regroupés dans un unique sac translucide de capacité limitée à 1 litre.

Des aménagements ont ensuite été proposés pour permettre l’emport des liquides achetés dans les boutiques "hors taxe" des aéroports de l’Union Européenne et de quelques pays tiers.

 

Au moment de l’adoption de cette réglementation, il avait été estimé que, en 2010, des technologies alternatives de contrôle automatique seraient disponibles. Cette mesure devait normalement disparaître en avril prochain, mais la technologie qui aurait pu permettre de détecter les liquides dangereux n’est pas au point.

 

Pour cette raison, la Commission européenne a proposé de passer graduellement d’un contrôle manuel à un contrôle automatique. En attendant la mise sur le marché d’appareils de contrôle automatisés suffisamment efficaces, la Commission a proposé une phase transitoire en trois étapes (2010, 2012 et 2014), qui permettraient un rétablissement progressif de l'autorisation d'emport des liquides. Selon la Commission européenne, ce phasage devrait également permettre l’adaptation progressive des aéroports à de nouvelles procédures tandis que les fabricants poursuivraient l’amélioration des équipements.

 

La commission transport et tourisme s'est penchée sur cette question les 9 et 10 novembre 2009.

Lors de mon intervention en réunion, j'ai souhaité souligner le caractère ubuesque de ce débat. Ce dernier reposait uniquement sur l'incapacité de la Commission européenne à exercer une pression sur les Etats membres et les aéroports afin de les contraindre à se doter rapidement d'une technologie permettant d'identifier la nature des liquides transportés sans pour autant en exiger leur destruction.

Le traitement triphasé de la Commission n'était qu'un moyen de détourner le problème et de remettre à plus tard une question devant être résolue le plus rapidement possible pour le confort des citoyens européens.

Cette interdiction devait être levée au même moment dans l'ensemble des Etats membres. De nouvelles disparités entraîneraient inévitablement de nouveaux dysfonctionnements au sein  des aéroports européens.