Extraite du fruit du palmier à huile d’Afrique, l’huile de palme est une graisse végétale à haut rendement, d’un très faible coût de production, actuellement la plus consommée au monde. Elle représente 1/3 des huiles végétales produites dans le monde, en deuxième position derrière l’huile de soja.
Elle est à 80 % utilisée dans l’industrie agroalimentaire, les 20 % restants étant dévolus aux cosmétiques et aux agrocarburants. L’Indonésie, la Malaisie, les îles de Bornéo et Sumatra produisent à eux seuls plus de 85 % de la production mondiale, destinés pour 80 % à l’exportation. Cette culture intensive (les surfaces ont jusqu’à quintuplé en 20 ans) et exponentielle cause déjà un désastre environnemental et pourrait bien causer un désastre sanitaire à long terme.
Plus de 10 % (et parfois jusqu’à 50 % selon les pays) des produits alimentaires finis que nous achetons contiennent de l’huile de palme, sous son appellation ou sous celle d’huile végétale, la législation n’obligeant pas le fabricant à préciser ni sa nature, ni les quantités.
Chips, pâte à tartiner, biscuits, céréales, margarine, barres chocolatées, plats préparés, pâte à tarte, sauces, glaces, pâtes fraîches, soupes, biscottes etc. en contiennent.
La composition de l’huile de palme s’apparente plus à celle d’une graisse animale qu’à une huile végétale. Bourrée d’acides gras saturés (48.5 %), elle favorise donc elle aussi le développement des maladies cardiovasculaires, une augmentation du taux sanguin de cholestérol, certains cancers, le diabète et autres maladies chroniques.
Pour ces raisons, j'ai donc estimé indispensable d'adresser les questions suivantes à la Commission européenne:
La Commission peut-elle me préciser ce qu'elle entend mettre en œuvre pour garantir:
- une information précise pour chaque produit plutôt que la simple mention "huile végétale",
- la mise en place d’une traçabilité pour assurer au consommateur que les produits contenant de l’huile de palme n’ont pas contribué à la déforestation
- un engagement dans la mise en place de filières de production soutenable d’huile de palme et non pas un simple verdissement de façade.
La Commission européenne vient de m'adresser les éléments de réponse suivants:
Actuellement, les huiles raffinées autres que l'huile d'olive (qui relève de dispositions réglementaires spécifiques) peuvent être désignées sous l'appellation « huile », complétée le cas échéant de l'adjectif « végétale » ou « animale », ou d'une indication de leur origine végétale ou animale particulière, conformément à l'article 6, paragraphe 6, de la directive 2000/13/CE.
Les vastes consultations qui ont précédé l'adoption de la proposition de la Commission d'un règlement du Parlement européen et du Conseil concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires n'ayant pas mis en évidence la nécessité de fournir des informations plus précises en la matière, les dispositions réglementaires en vigueur restent d'application dans ladite proposition.
Le Parlement, dans son Rapport du 16 juin 2010, a adopté la position selon laquelle les huiles végétales doivent être désignées sous le nom « huile », complété par l'indication de leur origine végétale spécifique. Au cours du débat en première lecture, la Commission a estimé que cette disposition serait disproportionnée parce qu'elle imposerait des contraintes excessives aux exploitants du secteur alimentaire. Elle restreindrait notamment la possibilité pour ce secteur industriel d'utiliser des ingrédients différents en fonction de leur disponibilité sur le marché.
Par ailleurs, la proposition contient aussi des dispositions sur l'étiquetage nutritionnel. Il est proposé que la majorité des denrées alimentaires transformées portent obligatoirement un étiquetage nutritionnel mentionnant notamment la teneur en matière grasse saturée. Ces informations devraient aider les consommateurs à faire des choix alimentaires en connaissance de cause au regard de la teneur en matière grasse des aliments.
Les directives sur les énergies issues de sources renouvelables et la qualité des carburants ont introduit des critères de durabilité, applicables à l'huile de palme utilisée dans les biocarburants et les bioliquides dans l'UE, qui empêchent la conversion des terres riches en carbone et des zones de grande valeur en termes de diversité biologique et qui nécessitent des réductions minimales des gaz à effet de serre en comparaison des combustibles fossiles. Quant aux utilisations non énergétiques de l'huile de palme, la Commission encourage, au travers notamment d'initiatives privées comme la Table ronde sur la production d'huile de palme durable (Round Table on Sustainable Palm Oil-RSPO), la production durable d'huile de palme et d'autres produits. En-dehors du cadre de la directive susmentionnée, la Commission ne propose rien concernant la traçabilité ou d'autres exigences au regard de l'huile de palme.