Du 1er Juillet au 31 Décembre 2012, Chypre prend la tête du Conseil de l'UE, succédant ainsi au Danemark. Pendant ces 6 mois, Chypre présidera les travaux du Conseil des ministres des Etats membres et conduira les réunions ministérielles ainsi que la multitude de réunion de hauts fonctionnaires.
La tâche de Chypre, et ses 1,1 millions d'habitants, ne sera pas simple dans le contexte actuel. La présidence aura en effet la responsabilité de cogérer la crise de la dette avec Herman Von Rompuy, Président permanent du Conseil européen. D'autant plus que Chypre elle-même est dans une situation économique inquiétante, l'île est en effet classée parmi les emprunteurs à risque et a dû se tourner vers le Fonds européen de stabilité financière pour la recapitalisation de la Banque Populaire chypriote. Nicosie a aussi fait appel à la Russie pour assurer ses besoins de financements publics pour 2013 et 2014. Une option assez maladroite au moment où le pays prend la tête de l'Union...
Autre point sensible de cette nouvelle présidence : les relations avec la Turquie qui sont tendues de longue date sur la question de la partition de l'île. Ankara a d'ores et déjà annoncé qu'elle n'entretiendra aucun contact avec la présidence quelque soit l'action européenne en question.
Les priorités de la présidence chypriote
Avec son programme "pour une meilleure Europe", Chypre cherchera à faire le lien entre le redressement économique et les mesures d'austérité. Plus précisément, quatre axes principaux seront développés sous cette présidence :
Une Europe plus efficace et durable
L'élaboration du budget européen et des perspective financière 2014-2020 seront la clé de voute de la présidence chypriote. La négociation du prochain cadre financier pluriannuel sera une bonne occasion à la présidence pour affirmer ses priorités en la matière : améliorer audacieusement le cadre législatif de la PAC, de la politique de la pêche, de la politique de cohésion et de la politique de la recherche sont ses objectifs. Le renforcement des réseaux européens, qu'ils soient de l'énergie, des transports ou des télécommunications sont aussi en tête de liste de l'agenda chypriote. Ces réseaux sont de la plus haute importance pour la compétitivité européenne ainsi que pour la cohésion sociale et territoriale des Etats membres.
Une Europe dotée d'une économie plus performante, fondée sur la croissance
Malgré l'intitulé de cet objectif, la présidence envisage principalement de renforcer la gouvernance économique et la surveillance budgétaire sans grand engagement envers la croissance. Il faut espérer que dans la pratique, l'accent sera réellement mis sur la croissance, sans quoi le projet de Chypre n'aidera pas vraiment l'UE a sortir de la crise qu'elle connait actuellement. La volonté d'approfondissement du marché unique et en particulier du rôle des PME à l'occasion des 20 ans du traité de Maastricht est une initiative que l'on doit toutefois saluer.
Une Europe plus pertinente aux yeux des citoyens, avec solidarité et cohésion sociale
Emploi des jeunes, régime d'asile européen commun d'ici fin 2012, droit des personnes bénéficiant d'une protection internationale sont les objectifs de Chypre pour rapprocher l'Europe des citoyens et renforcer la solidarité du continent.
Par ailleurs, la présidence s'impliquera sur les questions relatives à l'Année européenne du vieillissement actif, à la solidarité entre les générations, à la santé, au bien être des enfants, à la promotion d'une mode de vie sain ou encore à lutter contre la pauvreté. Pour ce faire, la participation des partenaires sociaux, des ONG et des autorités locales sera renforcée. L'Europe sociale devrait reprendre des galons sous présidence chypriote, du moins si cette volonté affichée de la renforcer se concrétise effectivement.
Une Europe dans le monde, plus proche de ses voisins
Enfin, Chypre s'engage à une action extérieure de l'UE efficace. La politique de voisinage et les partenaires méditerranéens seront ainsi les premiers influencés par cette volonté chypriote.