Le Commissaire européen à la santé, John DALLI, a annoncé le mardi 16 octobre, sa démission de ses fonctions après une enquête de l'Office européen de Lutte Anti-Fraude (OLAF) sur ses liens présumés avec un industriel maltais qui aurait souhaité influencer la nouvelle directive sur les produits de tabac. Cette proposition législative est actuellement en phase de négociation interservices et est attendue pour la fin de l'année 2012. En tant qu'eurodéputé socialiste, membre de la commission santé au Parlement européen, je souhaite vivement condamner cet énième exemple de conflits d'intérêts au sein de la Commission européenne.
Cet événement appelle plusieurs commentaires de ma part. Tout d'abord, je tiens à souligner le rôle tout à fait nocif joué par les lobbyistes au service de l'industrie du tabac. Leur activité a considérablement contribué à retarder la nouvelle proposition législative qui envisage notamment l'introduction de paquets de cigarettes standardisés ou encore la fin de la visibilité des paquets de cigarettes dans les points de vente. Au-delà de la présente proposition directive que nous attendons pour la fin de l'année 2012, il est démontré que les lobbyistes au service de l'industrie du tabac ont joué un rôle décisif pour retarder l'introduction de politiques anti-tabac contribuant au désastre que l'on connaît en matière de santé public.
Ensuite, cette affaire vient encore jeter le discrédit sur l'indépendance des décisions européennes prises en matière de santé publique. Que ce soit avec l'Aspartame ou encore le Bisphénol A, les services de la Commission et les agences sanitaires européennes ont démontré une réticence à accélérer les procédures de réévaluations de l'impact de ces produits sur la santé publique et ce malgré les alertes lancées par certains Etats membres ou encore par les organisations de professionnels et de citoyens. Cette résistance s'explique notamment par le rôle des experts dont les liens avec l'industrie qu'ils sont censés évaluer sont établis pour plusieurs d'entre eux. Le cas DALLI révèle également un problème systémique.
Enfin, je ne suis pas surpris de cette conclusion de l'OLAF. Sur une autre affaire de santé publique que j'ai pu suivre, les décisions et procédures de la Commission européenne, notamment dans le cadre de la comitologie, me sont apparues tout à fait incompréhensibles et justifient qu'on puisse être suspicieux de l'impartialité de la Commission.