Un échange de vues sur les accords de pêche conclus par l’UE avec les pays tiers s’est tenu mardi 9 octobre 2012 en commission de la pêche (PECH) au Parlement européen (PE). La question de l’accord avec le Maroc rejeté le 14 décembre 2011 dernier a ainsi été évoquée. Les navires battant pavillon de l’UE ne peuvent plus pêcher dans les eaux marocaines depuis fin février 2012 suite au rejet de la prorogation de l’accord en raison du différend concernant la couverture par l’accord de la zone de pêche située au large du Sahara marocain. Après cette réunion de la commission PECH, j'ai souhaité réagir et dénoncer la position de négociation adoptée par la Commission européenne pour la conclusion du nouvel accord.
La Commissaire européenne à la pêche, Maria DAMANAKI s'est rendue, les 20 et 21 avril 2012, à Rabat pour relancer le processus de négociation sur un nouvel accord entre l’UE et le Maroc. Ces discussions exploratoires ont permis d’établir les bases de négociation du futur accord fondé sur les principes de durabilité environnementale et de profitabilité pour les deux parties. Mi-septembre, le gouvernement marocain serait parvenu à un accord avec la Commission européenne, avant que la Commissaire ne le rejette et manifeste sa volonté de poursuivre les discussions exploratoires. Cette attitude a été très mal perçue par les autorités du Royaume du Maroc.
Afin de pouvoir traiter ce dossier sereinement et sans conflits inutiles, il aurait fallu que toute mention explicite du Sahara marocain soit absente du mandat de négociation de la Commission européenne, comme l'avait proposé la présidence danoise en janvier 2012. Aborder le conflit du Sahara dans le cadre de ces négociations constitue un mélange des genres contreproductif qui risque de décrédibiliser l’UE dans son soutien aux transitions démocratiques des pays de la rive sud de la Méditerranée. Par ailleurs, il est contestable que la Commission européenne reprenne les arguments avancés par certains groupes politiques au Parlement européen qui instrumentalisent la question sahraouie. L’argument selon lequel l’accord ne profite pas aux populations locales des Provinces du Sud ne résiste pas aux visites de terrain. Les eurodéputés du groupe d'amitié se sont en effet rendus sur place à Laâyoune. Ils ont dialogué avec les travailleurs locaux, constaté le développement économique de l'industrie locale et saisi l'importance de l'industrie portuaire et de la pêche dans cette région.
Il est donc vital que l'UE parvienne rapidement à restaurer les bases de la confiance avec un partenaire stratégique au Maghreb censé bénéficier du statut avancé.
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