Onze mois après l’affaire de la viande de cheval dans les lasagnes, une nouvelle affaire impliquant de la viande de cheval est révélée aujourd’hui dans onze départements du sud de la France.
Il s’agit d’un scandale alimentaire, financier et très vraisemblablement sanitaire.
Entre 2010 et 2012, près de 200 chevaux, des cobayes du laboratoire Sanofi Pasteur qui ont servi à des tests médicamenteux et à des tests de vaccins, auraient été vendus dans des boucheries du grand Sud de la France après falsification des documents de traçabilité qui accompagnent obligatoirement ces animaux.
Un marchand de chevaux aurait ainsi acheté 200 équidés cobayes au groupe pharmaceutique, au prix de 10 euros la pièce entre 2010 et 2012. Cet intermédiaire les revendait ensuite entre 200 et 300 euros la bête au boucher grossiste de Narbonne. Une bonne affaire pour ce marchand qui, en 24 mois, aurait ainsi récolté près de 50.000 euros pour la revente de ces cobayes.
Cette affaire révèle la mise en place d’un véritable réseau pour fabriquer des faux dossiers, faire abattre ces animaux théoriquement impropres à la consommation et les revendre dans des boucheries du sud de la France, d'Espagne et peut-être d'Italie.
Parmi les 21 personnes interpellées aujourd’hui en Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, Rhône-Alpes, Auvergne et Midi-Pyrénées figurent plusieurs négociants en viande, du personnel d’abattoir, trois vétérinaires et un informaticien/ falsificateur des documents de traçabilité.
Ce nouveau scandale met une fois de plus en lumière les pratiques frauduleuses trop fréquentes au sein de l'industrie agroalimentaire et l'opacité de ses circuits d'approvisionnement.
Dans le cadre d’un rapport sur la fraude alimentaire, récemment adopté en commission environnement et sécurité alimentaire, j’ai appelé à l’adoption d’un encadrement législatif renforcé et d‘actions concrètes pour mettre fin une fois pour toute à ces pratiques frauduleuses.
En tant que rapporteur socialiste sur ce texte, je me suis notamment battu contre les conservateurs pour que ce rapport appelle à un étiquetage obligatoire de l'origine de la viande dans les plats transformés.
Pour l'instant, seule la viande fraîche doit faire connaître son pays d'origine.
Dès qu'il y a transformation du produit, ceci n'est plus obligatoire.
C’est pourquoi, les lasagnes findus et les boulettes Ikea ont pu contenir de la viande de cheval au lieu du bœuf sans que les consommateurs ne s’en rendent compte.
Il est désormais nécessaire que les produits transformés portent également l'inscription de leur pays d'origine. D'une part pour garantir la transparence du système d'approvisionnement des denrées et deuxièmement pour inciter les opérateurs économiques à renforcer les contrôles qu'ils effectuent à chaque réception de produits alimentaires.
Il s'agit d'un moyen efficace pour mettre des bâtons dans les roues des fraudeurs.
Suite au scandale de la viande de cheval, nous avions demandé à la Commission européenne d’accélérer la révision du Règlement sur l’information des consommateurs pour rendre obligatoire la mention de l’origine de la viande utilisée comme ingrédients dans les plats préparés.
La Commission européenne avait accepté d’anticiper la publication d’une proposition législative d’ici le 31 octobre 2013.
Le 31 octobre dernier, la Commission européenne a malheureusement annoncé un report de la publication à la fin d’année faute de consensus au sein du collège des commissaires.
Je regrette l’absence d’ambition de la Commission européenne à répondre aux aspirations des consommateurs européens qui plébiscitent à 90% le marquage d’origine des viandes en tant qu’ingrédients.
La Commission européenne doit s’efforcer de concilier les coûts et l’exigence des consommateurs d’une alimentation de qualité et d’une plus grande transparence. Le prix ne doit pas être l’unique critère de choix.
Sans des mesures fermes, inutile d'espérer rétablir la confiance des européens dans leur système agroalimentaire et inutile de croire que nous protégerons mieux leur santé par la suite.