Une nouvelle fois, la campagne des européennes a été l'occasion de mensonges répétés sur l'Europe par les candidats du Front national. Dans une tribune précédente, je mettais en garde contre les fausses vérités de la présidente de ce parti.
Cette mise en garde est aujourd'hui encore plus d'actualité après la déferlante frontiste que nous avons connue en France à l'occasion de ces élections européennes.
Nous devons réaffirmer que le programme du Front national, de l'extrême droite, est basé sur des mensonges, des boucs-émissaires et la haine d'autrui. Malgré cette réalité, comment pouvons-nous comprendre ce vote massif en faveur de cette vague brune?
Le vote frontiste est la conséquence d'un déclassement économique et social.
D'abord parce que les classes populaires et les classes moyennes se sentent abandonnées par la société. C'est bien dans les bastions populaires, dans le Nord, en Lorraine, dans les bassins industriels, que la mobilisation des classes populaires en faveur du Front national a été la plus forte. Ne nous voilons pas la face: ces régions industrielles sont celles du déclassement économique et social. Elles ont été au cœur de l'essor industriel français pour aujourd'hui devenir le triste symbole de la désindustrialisation rampante de notre pays. Elles sont le lieu du déclassement de ceux qui ont cette fierté d'avoir mis au service de la richesse de la nation leur savoir-faire ouvrier et d'avoir été les moteurs de la croissance française pendant les Trente glorieuses.
L'Europe telle qu'elle est en est aussi la cause.
Si la France est aujourd'hui dans la tourmente, beaucoup de nos concitoyens se sentent aussi abandonnés par l'Europe. L'Europe fut une espérance mais est désormais considérée par beaucoup comme la cause de difficultés quotidiennes.
La conjonction de l'incapacité des européens à proposer une politique en faveur de l'emploi et le développement du désamour vis-à-vis de l'Europe sont les explications de ce vote qui n'est pas seulement un vote sanction mais aussi un vote confus appelant à changer l'Europe.
Combattre l'extrême droite européenne est un devoir.
Face à la déroute, il est de notre responsabilité de continuer la lutte contre l'extrême droite, contre les racistes, contre les xénophobes, contre les homophobes,contre les antisémites qui prospèrent aujourd'hui en Europe et auxquels le Front National appartient. Si ces partis politiques d'extrême droite n'arrivent pas à s'unir en ce moment au Parlement européen, leur désunion n'est que de façade et ne doit pas nous tromper: s'ils ne veulent pas toujours se mélanger, leur idéologie nous laisse toujours un goût amer dans la bouche.
Contre le Front National, des propositions concrètes.
La stratégie incantatoire contre le Front national ne fonctionne cependant plus. Pour combattre cette extrême droite travestie avec les habits de la respectabilité, nous devons le faire sur le terrain politique et avec des propositions très concrètes.
Non seulement nous devons tout faire pour infléchir la politique économique et sociale que nous connaissons en France, mais nous devons aussi permettre une autre politique basée sur la relance à l'échelle de l'Europe. Tant en France qu'en Europe nous devons relancer le pouvoir d'achat en stimulant un investissement local puissant. L'Europe de son côté doit être véritablement réorientée. Avec les socialistes français, nous proposons des actions très précises pour remettre cette Europe sur de bons rails: s'accorder enfin sur une politique industrielle commune, ériger un traité social pour que les droits des travailleurs ne soient pas inférieurs à ceux du marché, proposer une garantie jeunesse de 21 milliards d'euros pour l'emploi des jeunes ou encore instaurer un salaire minimum dans tous les pays européens afin de mettre un terme à la concurrence déloyale qui mine la solidarité européenne.
Un triple combat contre l'extrême droite
C'est donc un triple combat que nous avons aujourd'hui devant nous, socialistes et forces de gauche.
Un combat français pour retrouver l'espérance et la croissance économique au sein de notre pays.
Un combat européen pour réorienter la construction de l'Union européenne qui s'est trop perdue dans les dérives de l'austérité et de l'illusion libéraliste au cours des dix dernières années.
Un combat sur le terrain des valeurs. Que ce soit le Front national, l'UKIP, la Ligue du Nord ou l'Alternative pour l'Allemagne, ces partis politiques honnissent les valeurs qui fondent notre République et la démocratie européenne. Ces valeurs qui tournent le dos à l'histoire de l'Europe ne nous mènent que vers le repli sur soi, l'échec dans la mondialisation et petit à petit mais inexorablement vers la sortie de l'Histoire.
C'est ce triple combat que je mènerai en France et au Parlement européen pour ériger des digues contre les poisons que l'extrême droite veut faire entrer dans notre quotidien et pour protéger ce que nous avons communément acquis depuis plus de 60 ans de construction européenne.
Des actes et une vision progressiste claire, voilà pour moi les conditions de la réorientation de la France et de l'Europe. C'est sur ces bases politiques que je construirai mon action européenne pour les cinq années. C'est avec cette ambition claire que nous répondrons aux préoccupations des Européens et des Européennes.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.