Le constat : la Chinafrique est déjà une réalité...
En l'espace de 10 ans, on ne peut que constater la montée en puissance flagrante de la Chine en Afrique.
De 10 milliards de dollars, les échanges commerciaux passent à plus de 100 milliards en 2010.
Aujourd'hui la Chine a peaufiné son image auprès des dirigeants africains en s'imposant comme une alternative à la coopération avec l'Occident. Aucune conditionnalité n'est exigée de la part des autorités chinoises lorsqu'elles accordent un prêt à un pays africain, contrairement à l'occident et la France, qui depuis l'action de François Mitterrand conditionne de plus en plus sa coopération au respect de certaines exigences de bonne gouvernance.
La Chine est donc pour l'Afrique une alternative aux anciennes puissances coloniales, dont l'action est parfois jugée comme de l'ingérence, plus encline à protéger les grands investissements des multinationales dans les énergies plutôt que d'essayer de créer de la valeur et du développement au niveau local tout en forçant à l'adoption de leur modèle démocratique.
Entre l’importance des liens économiques, les rencontres à haut niveau institutionnalisées et les multiples tournées africaines des dirigeants chinois, nous ne pouvons que constater l’existence de cette Chinafrique. La vraie question est de savoir si l’Afrique y trouvera son compte ?
…Qui est critiquée pour les mêmes raisons que la Françafrique en son temps.
Malgré l'absence de côté "paternaliste" apprécié du côté africain, la présence chinoise a fini par soulever de nombreuses critiques, certains, comme l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, pointe du doigt un nouveau type de colonialisme au profit de la Chine assoiffée de matières premières africaines. La chine reprendrait le flambeau de la Françafrique et de ses pires travers.
La faible utilisation de la main d’œuvre africaine et des matériaux locaux dans les projets chinois, la légende de l’accaparement des terres africaines pour produire la nourriture destinée au marché chinois et les accusations de mauvais traitements des travailleurs ont mis fin à la lune de miel sino-africaine. Bien que ces reproches soient souvent difficiles à évaluer (l’accaparement des terres ressemblent plus à une légende pour de nombreux spécialistes), ils soulignent le changement d’avis de nombreux africains sur la Chine. Il y a désormais ce sentiment persistant d’un nouveau colonialisme qui s’abat sur l’Afrique.
Quelles leçons tirer de l’émergence de la Chinafrique pour la politique de coopération française ?
La première leçon à tirer est simple, connue, mais doit être réaffirmée comme une base de nos politiques en la matière : Arrêter de penser l’Afrique comme une vaste ressource et considérer ce continent comme un partenaire normal.
Comme l’a rappelé le Président de la République François Hollande dans son discours de Dakar, "Il y a la France et il y a l'Afrique. Il y a le partenariat entre la France et l'Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité"
En tant que secrétaire national à la coopération Nord-Sud, ce sont ces idées de normalité du partenariat que j’ai essayées de véhiculer avec les membres de ma commission nationale.
Le principe du partenariat prend forme dans la mesure où les priorités du développement, les types d’actions à mettre en place doivent êtres décidés conjointement entre la France et les pays d’Afrique.
Autre ligne rouge que je défends dans mon action de secrétaire national, et qui est encore plus saillant à la lumière des problèmes de la Chinafrique, le renforcement de notre coopération directe avec les échelons les plus locaux en Afrique. En favorisant la coopération entre collectivités locales ou avec les ONG, on s’attèle directement au développement à la faveur des populations et on court-circuite la coopération avec des Etats corrompus ou qui font un mauvais usage de notre aide publique.
La Chinafrique et son rejet actuel par les populations africaines constituent un point de départ pour un retour raisonné et renouvelé de la France dans les pays partenaires africains.