C'est un nouveau rebondissement judiciaire dans l'affaire du Mediator. Et c’est cette fois-ci l'Agence du médicament (ANSM, qui remplace l’Afssaps) qui a été mise en examen mardi pour homicides et blessures involontaires.
Soupçonnée de négligence entre 1995 et 2009 dans la surveillance de la dangerosité potentielle du Mediator, l'ANSM a été placée sous contrôle judiciaire, impliquant le versement d'une caution de 100.000 euros. Il serait ainsi reproché à l'Agence d'avoir contribué à créer la situation qui a engendré le dommage des victimes et de n'avoir pas pris les mesures permettant de l'éviter.
Dans son communiqué, l'ANSM dit vouloir collaborer avec la justice : elle "apportera sa pleine et entière contribution à la Justice afin que puisse être établie toute la vérité à laquelle les victimes, leurs familles et les usagers ont droit. Ainsi, toute la lumière devra être faite sur les responsabilités de chacun et toutes les conséquences devront être tirées du travail de la Justice".
Le directeur général de l'Agence, Dominique Maraninchi a été convoqué mardi par les juges en charge de l'instruction.
Dans cette affaire, Dominique Maraninchi n'est pas le premier concerné par cette procédure. En février déjà, Jean-Michel Alexandre et Éric Abadie, deux anciens responsables de l'Agence de sécurité sanitaire ont été mis en examen pour prise illégale d'intérêt, tout comme un ancien responsable des Laboratoires Servier et une ancienne salariée du groupe.
Pour rappel, le coupe-faim prescrit comme traitement pour les diabétiques en surpoids a entraîné entre 500 et 2 000 décès en France, selon les différentes études, avant d'être retiré du marché le 30 novembre 2009.
L'organisme national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam) a reçu plus de 7 000 demandes de la part de personnes ayant pris ce produit. Mais le chemin de croix des victimes n'est pas terminé. Lundi, le Dr Irène Frachon, à l'origine de la révélation des risques du Mediator, affirmait que les demandes d'indemnisation de centaines de victimes étaient injustement rejetées. Elle dénoncait un problème de formation chez les experts chargés de superviser les dossiers. Sur les 1 300 cas déjà traités par l'Oniam, seuls 64 valident l'effet nocif du Mediator et ouvrent droit à indemnisation.
La justice poursuit donc son long travail d'investigation alors que ce scandale a entraîné une profonde réflexion sur le fonctionnement du système de sécurité sanitaire. La prévention des conflits d'intérêts est renforcée, les industriels ne siégeant désormais plus à l'ANSM.
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Rédigé par : ascis | mardi 03 décembre 2013 à 06:38