Le 7 février prochain, nous fêterons le vingtième anniversaire de la signature du Traité de Maastricht. Point de départ de l'Union Européenne et de l'Union économique et monétaire (UEM), il est important de rappeler les avancées qu'a apporté ce traité à un moment où l'Europe traverse une zone de turbulence sans précédent.
Une création majeure : l'union économique et monétaire
Si le traité de Maastricht est un tournant dans l'histoire de la construction européenne, c'est qu'il a permis d'ouvrir la voie à la création du premier bien commun partagé par la plupart des européens aujourd'hui : l'euro. La monnaie unique était devenue une évidence en 1992, mais une évidence qui a eu du mal à faire son chemin. Le marché unique existe en effet depuis la création de la communauté européenne, mais ce n'est qu'en 1992 que l'union monétaire est prévue officiellement. Paradoxe saisissant d'un marché unique sans monnaie unique!
Cette union monétaire et économique a été établie pour des raisons qui sont aujourd'hui toujours valables. En liant nos monnaies, les prix en Europe sont devenus plus clairs et moins volatiles d'où une plus grande visibilité pour ceux qui veulent investir dans le marché unique. Ce raisonnement économique est toujours d'actualité. Mais ce sont surtout, les raisons géopolitiques qui ont poussées à la création de l'Union économique et monétaire. Après la chute du mur de Berlin, il s'agit de donner le signal d'une intégration européenne forte tout aussi bien que de lier le quotidien des européens à travers l'intimité des portes monnaies.
La crise actuelle a largement relancé le débat sur les fondements de l'euro de l'UEM. Il ne faut toutefois pas céder à la facilité et rejeter en bloc cet acquis formidable pour l'Europe. Il ne me semble guère probable qu'une Europe où chaque pays aurait conservé sa propre monnaie surmonterait mieux la tempête économique actuelle.
L'adoption d'un "protocole social" complétant l'Europe économique
Avec le Traité de Maastricht, un protocole social a également été signé sous l'impulsion de Jacques Delors. Ce protocole a vocation à équilibrer la construction européenne afin qu'elle ne soit pas uniquement dédiée à l'intégration marchande. Il a également pour mérite d'avoir dynamisé la négociation entre les partenaires sociaux au niveau communautaire et au sein des comités d'entreprises européens. En outre, des normes en matière de santé et de sécurité sur les lieux de travail ont été adoptées grâce à lui. Aujourd'hui, ce protocole semble être arrivé à sa limite mais d'autres outils comme la Charte des droits fondamentaux sont propices à un nouvel élan d'une économie sociale de marché.
Les débuts de la politique étrangère commune
C'est aussi avec Maastricht que la Politique étrangère et de sécurité commune est née (PESC). Malgré l'envie de peser vraiment dans le contexte internationale post-guerre froide, les chefs d'Etat et de gouvernement n'ont cependant pas donné à la PESC les moyens politiques et institutionnels à la hauteur de leurs ambitions. Le sommet a au moins eu pour vertu d'afficher la nécessité d'actions extérieures communes. Il appartient cependant, aujourd'hui comme hier, aux autorités nationales et européennes de leur donner corps pour que l'Europe reste un des acteurs majeurs de la scène internationale.
Un espace de libre circulation plus sûre et plus complet
Après de longues années de gestation, le Traité de Maastricht a consacré la mise en place d'une coopération policière et judiciaire afin de mieux réguler la libre circulation des personnes en Europe. L'impulsion de la création de ce "troisième pilier" a engendré un mouvement de communautarisation sans précédent : droit civil, immigration, gestion des frontières... autant de compléments pour rendre la libre circulation des européens plus sur et plus effective.
La proclamation d'une citoyenneté européenne.
Enfin, ce traité a procuré des droits directement dédiés aux Européens en plus de ceux qu'ils exercent au niveau national. En particulier, le droit de vote et l'éligibilité aux élections locales et européennes symbolisent l'appartenance de chacun à un espace de vie plus large pour les citoyens des différents pays de l'Union Européenne.
20 ans après la signature du Traité de Maastricht, nous ne pouvons que constater les avancées significatives qu'il a permis. Bien que comportant de nombreuses lacunes, ce traité a procuré des bases solides à l'Union Européenne que les autorités nationales et les chefs d'Etat et de gouvernement n'ont pas toujours su correctement utiliser ou développer.