En novembre dernier, j'avais adressé les questions suivantes à la Commission européenne:
Trois ressortissants européens, deux Espagnols et une Italienne, ont été enlevés dans les camps contrôlés par le Polisario à Tindouf, en territoire algérien. Cet enlèvement intervient au moment où l’insécurité dans la zone sahélo-saharienne devient une préoccupation croissante pour les États du Maghreb comme pour les États membres de l’Union européenne. Cette zone est devenue une véritable plaque tournante de la contrebande de denrées alimentaires détournées de l’aide humanitaire européenne, du trafic de drogues et de la traite d’êtres humains, et autres trafics d’armes légères et de petit calibre.
Les enlèvements constituent une manne significative de cette économie du crime florissante, qui n’a de cesse de renforcer les assises d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi).
Des sources gouvernementales et des médias internationaux font état de complicités dont les ravisseurs auraient bénéficié de la part des membres du Polisario, qui leur auraient fourni des armes, des renseignements précis sur le lieu de séjour des ressortissants européens, ainsi qu’un soutien logistique pour entrer et sortir des camps de réfugiés.
L’Union européenne, qui est le premier pourvoyeur d’aide humanitaire aux camps du Polisario, se doit de tirer au clair toutes les responsabilités, y compris celle des dirigeants des camps et de leur État d’accueil.
Dans ces conditions:
1. Quelles informations la Haute Représentante est-elle en mesure de donner concernant les circonstances précises de l’enlèvement des trois ressortissants européens dans les camps du Polisario en territoire algérien?
2. Comment l’UE compte-t-elle assurer la sécurité de ses citoyens dans cette région que ni l'Algérie et encore moins le Polisario ne sont capables de contrôler?
3. Quelles mesures l’UE compte-t-elle prendre pour assurer la sécurité des populations des camps?
4. N'est-il pas temps d’inviter l'Algérie à autoriser le HCR à avoir un accès direct et permanent aux camps de Tindouf en vue d'en recenser la population et constater de visu leurs conditions de vie?
5. N'est-il pas temps de démanteler ces camps et de permettre à leurs habitants de rentrer chez eux au Maroc, à la faveur d’une solution politique négociée sur la base du réalisme et du compromis?
La Haute Représentante vient de me transmettre les éléments de réponses suivants:
Selon les informations reçues, trois Européens (deux Espagnols et une Italienne) travaillant pour le compte d’organisations humanitaires non gouvernementales dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf ont été enlevés par des «éléments terroristes» au moyen d’un véhicule du type 4x4 immatriculé au Mali. Cet enlèvement a été revendiqué par une branche dissidente d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui a récemment vu le jour.
L'Union européenne a fermement condamné ce rapt et a enjoint aux ravisseurs de libérer leurs otages sans délai et en toute sécurité. L’Union européenne a également demandé à ceux qui ont une quelconque influence sur les ravisseurs d’œuvrer de toute urgence à cette fin.
Les organisations humanitaires présentes dans les camps sahraouis, et notamment l'agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), travaillent avec les autorités locales afin de renforcer les mesures de sécurité. La Commission évalue actuellement les conditions de sécurité et se tient prête, le cas échéant, à apporter son soutien à ses partenaires humanitaires afin de renforcer leur capacité de gestion en matière de sécurité.
En ce qui concerne la déclaration faite par l'honorable parlementaire, selon laquelle la région sahélo-saharienne est devenue une plaque tournante de la contrebande de denrées alimentaires détournées de l'aide humanitaire européenne, l’Union européenne n’a connaissance d’aucun détournement avéré de l'aide humanitaire qu’elle apporte, au profit des réfugiés sahraouis. À la suite de certaines allégations de détournement de fonds au bénéfice desdits réfugiés, l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) a effectué plusieurs enquêtes dont les conclusions n'ont donné lieu à aucune demande de recouvrement de fonds ou nécessité d'engager une quelconque procédure judiciaire ou administrative.
Concernant la situation au Sahara occidental, l'Union européenne souligne l'importance que revêt l'amélioration de la situation des droits de l'homme, conformément à la récente résolution S/RES/1979 (2011) du Conseil de sécurité des Nations unies. L’UE soutient les efforts déployés par le Secrétaire général des Nations unies pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.
Face aux nouvelles menaces qui se font jour dans la région du Sahel, l’Union européenne a mis en place une stratégie pour la sécurité et le développement de cette zone, qui est déjà opérationnelle. Une enveloppe de 150 millions d'EUR a été affectée à des actions diplomatiques, à la sécurité, au développement et à la prévention de l’extrémisme. La stratégie pour le Sahel témoigne de la solidarité de l'Union européenne avec les pays du Sahel touchés par la menace terroriste. Elle met également en relief le soutien permanent que l’UE apporte à la coopération régionale comme moyen de lutte contre cette menace.