Les Chefs d'Etats et de gouvernement de la zone euro se sont enfin entendus au cours du dernier Sommet européen d'hier pour apporter une aide financière aux pays en difficulté de l'eurozone.
Retrouvez ici les conclusions et la déclaration commune du Sommet.
En lien avec le FMI et en faisant contribuer le secteur privé, les chefs de gouvernement se sont engagés à soutenir un nouveau programme pour la Grèce et permettre un couvrement de son déficit de financement estimé à 109 milliards d'euros.
Ils ont également rappelé à juste titre qu'il fallait adopter une stratégie globale pour la croissance et l'investissement qui utilise de manière stratégique les fonds structurels. Il était plus temps que les décideurs européens se rangent à cette option. Les mesures d'austérité menées en contrepartie du premier programme d'ajustement n'avaient contribué qu'à asphyxier l'activité économique, diminuant ainsi les rentrées fiscales.
Je déplore également que les mesures de privatisation soient préconisées sans discrimination tant il est important que certains secteurs publics vitaux soient protégés au moment où une partie de la population grecque bascule dans la pauvreté. De la même manière, on n'avance guère sur d'autres sujets comme les euro-obligations ("eurobonds"'), qui permettraient de mutualiser une partie de la dette souveraine des Etats, rapprochant ainsi les différentiels de taux de crédit des différents Etats membres.
Les propositions des chefs d'Etat ainsi que de la Commission européenne ne prennent pas non plus en compte les déséquilibres causés par l'imposition d'un taux de directeur unique par la Banque Centrale Européenne à des économies aux caractéristiques très divergentes. La crise actuelle de la dette a en effet révélé certains déséquilibres économiques majeures. Ainsi dans le cas espagnol et irlandais par exemple, les finances publiques étaient saines avant la crise de 2008. Le problème essentiel était le recours excessif au crédit permis par des faibles taux d'intérêts induits par l'appartenance à la zone euro, alimentant ainsi le boom de l'immobilier. Il est salutaire que les projets de la Commission européenne dans le paquet gouvernance économique fassent mention de la surveillance des déséquilibres macroéconomiques et pas seulement des déficits publics qui trop souvent constituent un point de fixation.
Nous devrons cependant continuer à relever dans les prochaines années le défi de l'appartenance d'économies si disparates à une monnaie unique. Il faudra trouver les moyens d'accomoder cette diversité en montrant une certaine fléxibilité dans l'usage de certains instruments économiques. La BCE devra sans doute reconsidérér sa fixation sur la maîtrise de l'inflation et prendre en compte par exemple l'objectif du plein-emploi dans ses missions.
Cependant, ce sommet de la dernière chance du 21 juillet montre que les décideurs européens membres de la zone euro ont surmonté certaines divisions. Ils ont enfin rappelé dans cette déclaration finale leur détermination à sauver l'euro. Engagement qui est salutaire dans la mesure où la monnaie unique reste un rempart, malgré ce qu'en disent ceux qui considèrent que l'euro a accentué la crise. L'exemple américain et anglais où les déficits publics ont également atteint des niveaux records montrent que la monnaie unique n'est pas un facteur accentuant la crise.
Dans le cas européen, cette crise aura été surtout de nature politique tant elle a montré comment l'Union Européenne pouvait peiner lorsqu' il fallait prendre des décisions d'urgence. Elle a également révélé que si la politique monétaire a été supranationalisée, les instruments de politiques économiques qui demeurent au niveau national sont peu efficaces pour gérer certains déséquilibres. L'évolution fédérale, qui passe par exemple par un budget européen plus important et qui permettrait en période de crise de jouer un rôle redistributif pour relancer l'économie, semble inévitable, comme l'avait déjà souligné le rapport MacDougall en 1977.
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