Soumise au court terme des règles de concurrence, du marché intérieur, de la réglementation environnementale et des transports, la politique industrielle a été longtemps inexistante au niveau européen.
Cependant, les choses évoluent. Et je me félicite des dernières initiatives prises, notamment de la part de la Commission européenne, par la voix du commissaire à l’industrie Antonio TAJANI, mais aussi de la part du Parlement européen (PE).
Le rapport de l’eurodéputé socialiste allemand Bernd LANGE sur une politique industrielle à l’ère de la mondialisation va en effet dans le sens d’un plus grand activisme à l’échelle européenne pour promouvoir l’emploi industriel. Il a été probablement marginalisé par la stratégie de Lisbonne et le principe d’une économie de la connaissance penchant résolument pour le tertiaire. La stratégie UE 2020 a semble-t-il pris la mesure des conséquences du renoncement à une démarche proactive en matière industrielle. Et je ne peux que saluer ce tournant !
Ceci montre par la même occasion qu’il y a une alternative à la cure d’austérité mise en avant par une majorité de gouvernements conservateurs en Europe et traduite en particulier dans le pacte franco-allemand de compétitivité. Lors de l’euromanifestation à Bruxelles du jeudi 24 mars, j’ai pu personnellement ressentir au contact des syndicalistes et des salariés l’attente d’Europe en matière d’emploi. Je crois qu’une politique de croissance et d’investissement public doit être absolument défendue. Si l’Europe veut maintenir une légitimité sociale et ne pas être associée uniquement à la réduction des déficits imposée par le pacte de stabilité et l’appartenance à la zone euro...
Dans le cas du rapport du Parlement européen sur une politique industrielle à l’ère de la mondialisation, j’approuve en particulier le principe d’une nouvelle architecture du secteur financier. Ceci est crucial pour que le système bancaire contribue de manière plus décisive à l’investissement et non plus à la spéculation. Le développement disproportionné des services financiers a de fait correspondu à certains aspects de la philosophie de la stratégie de Lisbonne et de l’économie de la connaissance. La déconnection du secteur bancaire avec l’économie réelle, industrielle et manufacturière a été également un élément de la crise économique que nous connaissons.
Au-delà de la régulation financière, et de la nécessité d’une redéfinition des missions du secteur bancaire au niveau européen, certains projets industriels doivent être soutenus. Les Initiatives Technologiques Conjointes (ITC) comme CleanSky offrent des exemples en la matière. Cette joint-venture entre la Commission européenne et les acteurs de l’industrie aéronautique comme EADS, Rolls Royce, EUROCOPTER ou encore Airbus, doit permettre le développement de technologies innovantes pour permettre la réduction des émissions de carbone et le bruit des moteurs utilisés.
D’autres initiatives de ce type devraient être développées notamment en ce qui concerne l’industrie automobile et le développement de la voiture électrique. D’autres projets doivent également concerner les énergies propres et les transports. Il y a là un réel potentiel de création d’emplois et l’UE peut apporter sa valeur ajoutée. Ces initiatives conjointes constituent des outils utiles pour mobiliser des financements des Etats, de l’Union Européenne, et du secteur privé, autour de projets d’innovation qui auront un effet d’entraînement sur l’économie. Il faut que le Parlement européen se saisisse également de la possibilité institutionnelle de mener des projets-pilotes sur son initiative dans le cadre des négociations sur le budget.
Cependant, le budget européen au regard de sa limitation à 0,94% du RNB des 27 Etats membres ne peut jouer qu’un rôle limité alors que les investissements dans des infrastructures paneuropéennes doivent être plus importants. Il faudra faire en sorte que le budget augmente dans les années à venir, avec un objectif de 2% comme benchmark. La proposition par Bernd LANGE de créer un Fonds Européen pour le Financement de l’Innovation (FEFI) est bienvenue. Nous veillerons à concrétiser cette proposition dans le cadre des prochains débats sur le budget européen et le cadre financier pluri-annuel 2014-2020.
Pour permettre un financement ambitieux de cette politique industrielle et de la politique de recherche, de l’énergie, des télécommunications et des transports (RTE), des Eurobonds ou de Project bonds seront nécessaires pour permettre les emprunts européens. Il faut que la Banque Européenne d’Investissement (BEI) intervienne de manière plus décisive pour le financement des infrastructures énergétiques, par exemple.
Avec ce nouvel activisme industriel, il semble que la question de l’emploi revienne enfin au cœur des préoccupations de l’UE. Il faut dans cette perspective veiller à ce que dans les modifications des traités européens l’emploi figure au même rang que la lutte contre l’inflation parmi les objectifs de la Banque Centrale Européenne.
mbt shoes reviews Pour un nouvel activisme industriel au niveau européen - Le blog de Gilles Pargneaux
Rédigé par : buy women mbt trainers | vendredi 22 novembre 2013 à 04:06