Les ministres européens se réuniront le 12 mai prochain pour trouver des solutions communes sur la question des migrants tunisiens arrivés sur l’île de Lampedusa depuis le début de l’année 2011. A cette occasion, je souhaite dénoncer l’attitude des gouvernements français et italien sur ce dossier. Elle révèle la menace que représentent les postures politiciennes et nationalistes qui remettent en cause les fondements du projet européen.
Il est impensable que certains Etats membres, comme la France, puissent menacer de restaurer le contrôle aux frontières sans qu’ils ne soient rappelés à l’ordre par la Commission européenne. L’attitude de la Commissaire européenne aux Affaires Intérieures, Cécilia MALMSTRÖM, qui a considéré que la France pouvait suspendre la circulation temporaire des trains entre Vintimille en Italie et Menton pour empêcher la venue de migrants tunisiens munis de titres de séjour temporaires, m’apparaît comme étant incompréhensible. Pourquoi ?
Aujourd’hui, l’UE doit s’imposer face aux populismes de certains Etats membres. Le nombre de 25 000 migrants tunisiens arrivés en Italie depuis janvier est faible. Certains ministres italiens ont avoué en privé que cela constituait un niveau gérable. Aussi, une solution communautaire est possible. Elle doit passer par la révision des accords de Dublin qui font prévaloir les égoïsmes nationaux dans la mesure où c’est le pays où le demandeur d’asile est arrivé qui doit examiner la demande. Ceci conduit ainsi certains Etats à laisser les pays périphériques gérer les conséquences des flux migratoires ou à refouler les migrants vers le premier pays d’arrivée dans une politique de ‘ping-pong’ inhumaine, à l’instar de ce que fait le gouvernement français.
La querelle entre l’Italie et la France sur l’accueil des migrants tunisiens devrait être réglée à l’échelle européenne. Elle signale un peu plus l’érosion du principe de solidarité entre Etats membres dans une Europe devenue essentiellement intergouvernementale et soumise à la pression populiste. La Commission européenne ne parvient plus à faire prévaloir l’intérêt général européen, offrant ainsi le spectacle de disputes entre partenaires datant d’une période qu’on croyait révolue. Des solutions pérennes pour la mise en place d’une stratégie européenne et solidaire qui répond aux nouveaux défis de l’évolution géopolitique en Tunisie et en Libye sont pourtant indispensables.