Depuis le 22 juillet dernier, la Commission européenne assure que l'Europe est sur le point d'éradiquer l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), plus connue sous le nom de la maladie de la vache folle. En 2009, 67 cas ont été décelés dans l'Union européenne contre 37 320 au plus fort de l'épizootie en 1992. Face à ce constat, la Commission envisage d'assouplir les mesures de précaution, notamment de mettre fin à l'abattage systématique des animaux menacés lorsqu'un cas d'ESB est détecté, et de lever l'interdiction des farines animales pour les animaux destinés à l'alimentation, en vigueur depuis 1994.
Pour rappel, l’utilisation des farines animales a provoqué un des plus grands scandales sanitaires du siècle puisqu’elle a été reconnue responsable de la transmission de la maladie dite de la vache folle, qui a touché près de deux cent mille bêtes, puis qui s’est transmise à l’homme, en faisant plus de deux cents victimes.
En France, l'Agence nationale de la sécurité des aliments (Ansès) et le Conseil national de l'alimentation (CNA) vont examiner séparément la possible réintroduction des farines animales sur notre territoire.
De son côté, le CNA, instance consultative des ministères de l'Alimentation, de la Santé et de l'Economie, a annoncé mardi qu'il allait mettre en place en septembre un groupe de travail chargé d'examiner "l'opportunité et les conditions de l'éventuelle réintroduction" de ces produits animaux transformés (PAT).
Pour le CNA, qui pourra s'appuyer sur les travaux de l'Ansès, il s'agira de prendre en compte "l'acceptabilité sociétale des décisions proposées", c'est-à-dire notamment "les éléments de communication à prévoir en matière d'analyse et de gestion des risques". Le rapport du CNA est attendu fin juin 2011.
Un débat est donc à nouveau lancé sur le possible retour des farines animales en Europe. La vraisemblable éradiction de la maladie permet-elle de considérer que cette dernière appartient au passé? Au point même de reposer la question des farines animales et de leur utilisation alors qu'une femme d'origine italienne, atteinte de la maladie de la vache folle, est en fin de vie.
La Commission n'est-elle pas entrain de céder aux pressions des entreprises qui souhaitent rentabiliser les stocks de farine bloqués?
A cette question, la Commission européenne vient de m'adresser les éléments de réponse suivants:
La « feuille de route n° 2 pour les EST », adoptée le 16 juillet 2010, est un document de réflexion qui donne un aperçu des modifications susceptibles d'être apportées aux mesures de l'UE concernant les EST, la priorité suprême restant la sécurité alimentaire et la protection du consommateur. Les règles relatives aux EST sont modifiées - et continueront à l'être - selon une démarche progressive fondée sur des données scientifiques solides. À cet égard, les avis scientifiques émis par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) resteront des éléments cruciaux de la réflexion sur les futurs choix stratégiques et inspireront toutes nouvelles formules de gestion des risques.
Une idée serait de réviser les dispositions relatives à l'interdiction totale de l'utilisation des farines animales, dans le sens notamment et principalement d'une réintroduction de l'autorisation d'utiliser des protéines animales issues de porcs dans l’alimentation des volailles et inversement.
L'interdiction du cannibalisme resterait donc en vigueur. Qu'il soit clairement entendu, par ailleurs, qu'il ne s'agit nullement d'autoriser à nouveau l'utilisation de protéines de ruminants (bovins, ovins ou caprins) dans l'alimentation des animaux, ou de revenir sur l'interdiction des farines animales pour les bovins. C'est l'utilisation, dans l'alimentation des ruminants, de protéines animales transformées issues de ruminants contaminés qui est à l'origine de l'épidémie d'ESB qui a sévi dans les années 1980 et 1990.
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