Nicolas Sarkozy s'est exprimé hier soir dans l'émission le "Grand Journal", présentée par Michel Denisot sur la chaine Canal +. L'entretien avait évidemment été préalablement enregistré depuis l'Elysée. Le terrain n'était donc franchement pas miné.
A la veille de son départ pour Copenhague, le Président de la République a détaillé mercredi soir les "quatre ou cinq critères" qui feraient, selon lui, de la Conférence des Nations Unies sur le climat un succès. Il a cité un accord de tous les pays "sur l'objectif de 2 degrés" de hausse maximale de la température globale, "la réduction de 50% en 2050 des émissions" de CO2, "la mise en place de financements innovants pour aider l'Afrique et les pays les plus pauvres à se développer" et "la création d'une organisation mondiale de l'environnement pour vérifier les engagements".
En résumé, l'entretien accordé par le chef de l'Etat n'a guère livré d'enseignements. Il me semble bon de souligner que les conditions citées font déjà l'objet d'un consensus entre les Etats du G 77.
A contrario, le ministre de l'Environnement, Andreas Carlgren a présenté, au nom de la Présidence suédoise, la position renforcée de l'Union Européenne à la Conférence de Copenhague le même jour.
Pour l'Union Européenne, il est indispensable que cet accord reprenne les points suivants:
-les pays développés réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre dans la partie supérieure d'une fourchette comprise entre 25 et 40 % d'ici 2020 et de 80 à 95% d'ici 2050 par rapport à 1990.
-les pays en développement, pris dans leur ensemble, limitent la croissance de leurs émissions de 15 % à 30 % en-deçà du niveau qui serait atteint dans le scénario du statu quo ; toutefois, étant donné leur poids économique, Chine, l'Inde et le Brésil devraient s'engager à des objectifs similaires à ceux des pays industrialisés.
-les pays développés aient la responsabilité de fournir un soutien financier et technique suffisant, durable et prévisible, aux pays en développement. Un besoin de financement total de 7,2 milliards d'euros par an est estimé pour la période comprise entre 2010 et 2012.
-la contribution collective de l'Union européenne aux efforts d'atténuation et aux besoins d'adaptation des pays en développement ne soit pas inférieure à 30 milliards d'euros par an d'ici 2020, sachant que ce chiffre peut augmenter en fonction des connaissances nouvelles sur la gravité du changement climatique et l'ampleur de ses coûts.
-un soutien financier doit être apporté aux pays en développement pour mettre un terme à la déforestation tropicale brute d'ici 2030 au plus tard.
L'UE estime donc que la Conférence de Copenhague doit au minimum parvenir à un accord contraignant sur les objectifs et le financement des mesures d'atténuation de la part des pays industrialisés et établir un processus formel pour aboutir, au début de l'année prochaine, à un accord global sur le climat pour l'après 2012. Cet accord devrait prendre effet le 1er janvier 2013.