Mercredi 5 juin, j'ai participé à un débat organisé par Confrontations Europe sur l'avenir du secteur automobile. En présence de représentants du secteur automobile et de la Commission européen, nous avons débattu sur les grands problèmes de ce secteur ainsi que des solutions envisageables au niveau de l'Union Européenne.
Les débats sont partis d'un constat simple et dur : l'industrie automobile est en pleine crise en Europe. . Face à la contraction du marché automobile en Europe, le secteur se retrouve aujourd'hui en état de surproduction par rapport à la demande. En effet, entre 2007 et 2011, le nombre de voitures vendues a chuté de 16 à 13,5 millions d'unités. C'est pour cette raison que de nombreuses personnes estiment qu'il y a une surcapacité de production de l'ordre de 20% en Europe actuellement.
La surcapacité a déjà fait de nombreuses victimes en Europe :
- fermeture de l'usine du groupe General Motor d'Anvers (8000 salariés)
- menace imminente de fermeture de l'Usine Opel de Bochum en Allemagne (3200 salariés)
- menace de fermeture de Sevelnord à Hourdain (2800 salariés)
- menace de fermeture de l'usine Fiat de Cassino en Italie (4300 salariés)
- menace de fermeture de l'usine du groupe General Motor d'Ellesmere Port en Grande Bretagne (2100 salariés)
Dans ce contexte, deux solutions m'ont semblé utiles et urgentes pour l'industrie automobile. Ce sont ces idées que j'ai défendus face à des visions souvent très libérales et peu soucieuses de la question sociale si prégnante dans ce milieu : mettre en place une vraie politique industrielle à l'échelle européenne et repenser la politique commerciale pour protéger intelligemment notre industrie.
Une politique industrielle qui donne une vision européenne de l'industrie automobile
L'élaboration d'une politique industrielle à l'échelle européenne, s'occupant en particulier du secteur automobile, est une nécessité aujourd'hui. Pour l'instant cette politique se cantonne à une superposition de normes à l'échelle européenne qui ne donne pas une vision stratégique à long-terme commune pour les industriels du secteur automobile européen.
La politique industrielle doit pouvoir soutenir la production automobile et encourager l'innovation dans ce secteur. Pour cela, les constructeurs automobiles européens et les institutions européennes devraient travailler conjointement afin d'établir les jalons de cette future politique : travailler ensemble sur le véhicule de demain, sur son utilité sociale et environnementale est la meilleure façon d'assurer une compétitivité qualitative au secteur automobile européen et ainsi de diminuer la course aux réductions des coûts qui a amené tant de délocalisations.
Une politique commerciale juste et réaliste
Comme la campagne présidentielle l'a montré, la politique commerciale européenne est souvent trop naïve et laxiste vis-à-vis de pays tiers qui ne rechignent pas à supporter et préférer leurs entreprises au détriment des entreprises européennes.
Plus particulièrement dans le secteur automobile, les derniers accords commerciaux ne sont pas des exemples de juste échange entre les pays : en février 2011, l'accord de libre échange signé avec la Corée du Sud à supprimer tous les droits de douanes pour les produits coréens entrant sur le marché européen alors que dans le sens inverse les droits de douanes restaient de 8%. Les négociations en cours avec l'Inde prévoit la suppression des droits de douanes pour les produits indiens entrant sur le sol européen alors que dans le sens inverse, les droits resteraient de l'ordre de 60%.
La Commission européenne doit arrêter de brader le secteur automobile lors de la négociation d'accord de libre échange au nom d'une politique ultra-libérale qui a largement démontrée ses dangers. La politique commerciale doit par conséquent être repensée pour s'inscrire dans le juste-échange qu'a soutenu François Hollande lors de sa campagne présidentielle.
Voici en substance les positions que j'ai défendues lors de ce débat. La Commission européenne doit présenter sa vision de l'industrie automobile et son futur au cours de cet été. Je ne manquerais pas de rester proactif sur cette question pour influencer au mieux ce document important pour un secteur industriel de plus de 12 millions d'emplois.