François Hollande a eu raison de déclarer le 11 novembre que la Grande guerre du 21ème siècle est celle que nous devons mener contre le réchauffement climatique. Si nous la perdons, les désastres que nous provoquerons seront au moins aussi lourds sur le plan humain: une élévation de 80 cm des eaux engendrera déplacements de populations, réfugiés et conflits locaux en cascade... Mais pour la gagner, c'est la communauté internationale dans son ensemble qui devra s'allier. De ce point de vue, l'accord intervenu hier entre Pékin et Washington, en marge du sommet de coopération économique de l'Asie-Pacifique (APEC), sur une réduction commune de leurs émissions de gaz à effet de serre est une très bonne nouvelle pour toutes celles et ceux qui ne veulent pas repartir de la Conférence du climat à Paris en 2015 avec un accord non-contraignant comme celui qui nous avait tant déçus, nous qui représentions officiellement l'Union européenne, à Copenhague. Les deux premiers pollueurs de la planète représentent en effet à eux seuls 45 % du total des émissions de CO2 et cet effort américain s'apprécie d'autant plus que les Républicains, qui y sont défavorables, sont majoritaires au Congrès américain.
Première bataille gagnée, l'engagement sino-américain est cependant insuffisant, largement en dessous des préconisations du GIEC (une réduction de 40 à 70 % des émissions de CO2) et bien moins ambitieux que ceux fixés, fin octobre, par l'Union européenne : diminuer les émissions de gaz à effet de serre d'« au moins » 40 % d'ici à 2030 par rapport à 1990 , porter la part des énergies renouvelables à 27 % du mix énergétique, réaliser 27 % d'économies d'énergie.
Hier matin, en commission environnement, j'avais déjà interrogé le nouveau Commissaire européen à l'action climatique et à l'énergie, Miguel Arias Canete, sur la position américaine et le risque d'un accord qui ne soit que semi-contraignant. Dans le contexte politique actuel, cet accord sino-américain est un premier pas dans la bonne direction. Il s'agit d'un premier essai et nous devons nous en réjouir comme tel.
Concrétiser cet essai lors de la 21ème Conférence des Nations Unies sur le climat à Paris en 2015 doit être la priorité numéro 1 des États-Unis, de la Chine, de l'Union européenne et de tous les membres de la communauté internationale.
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