Le candidat du PPE (la droite européenne), Jean-Claude Juncker, a été auditionné ce mardi 8 juillet, par le groupe Socialistes & Démocrates dans le cadre de sa candidature au poste de Président de la Commission européenne.
Bien sûr, nous soutenions tous le candidat social-démocrate allemand Martin Schulz qui a porté pour nous le projet des Socialistes pour changer l'Europe.
Le vote du 25 mai dernier a été sans ambivalence, la droite européenne a gagné, même si l'écart entre la droite européenne et les sociaux-démocrates européens s'est amenuisé par rapport à 2009 (220 députés européens pour le PPE en 2014 contre 275 en 2009 et 191 députés européens pour le groupe Socialistes & Démocrates en 2014 contre 195 en 2009). Il est donc normal que ce soit le candidat de la droite européenne arrivée en tête, qui soit le candidat pour la présidence de la Commission européenne.
Pour la première fois, le président de la Commission européenne ne sera donc pas imposé par les chefs d'État et de gouvernement européen. Pour la première fois, le candidat à la Présidence de la Commission européenne sera issu du parti politique arrivé en tête des élections européennes. Autrement dit, les parlementaires européens et les citoyens qu'ils représentent sont ceux qui désigneront la tête de l'exécutif européen. C'est un bond démocratique.
Bien sûr, Jean-Claude Juncker n'a pas porté le programme des socialistes et des sociaux-démocrates pendant la campagne.
Mais, interrogé par les socialistes sur un certain nombre de thématiques qui ont été abordées tout au long de la campagne électorale des européennes en France, il nous a répondu de manière positive. M. Juncker accepte ainsi le principe d'une révision en 2016 du cadre financier pluriannuel de l'Union européenne. Il est disposé à augmenter le budget de la garantie jeunesse. Il est en faveur d'un salaire minimum européen et admet la nécessité de réviser en profondeur le détachement des travailleurs en Europe. Surtout, M. Juncker a pris des engagements en faveur d'une Europe de la croissance en s'inscrivant dans la lignée de Jacques Delors et des belles idées de son livre blanc de 1993 intitulé "Croissance, compétitivité, emploi".
Alors évidemment nous n'avons pas eu un socialiste devant nous. Mais nous avons échangé avec un démocrate-chrétien pro-européen qui fait preuve de bonne volonté, qui a compris, au cœur d'une crise économique européenne sans précédent, qu'il faut changer l'Europe, et notamment face à la montée en puissance des anti-européens.
En 2009, je n'avais pas voté pour le trop libéral et trop eurosceptique M. Barroso. J'attends désormais que M. Juncker formalise par écrit ces engagements envers la croissance avant toute décision sur mon vote en sa faveur ou non mardi 15 juillet en plénière à Strasbourg. Un soutien sans accord contractuel n'aurait pas de sens.
Après la déroute des élections européennes, il est évident que nous ne pouvons accorder de blanc-seing à M. Juncker. Les exigences de justice sociale et de progrès sont trop fortes chez les européens... mais si nous pouvons faire avancer et changer l'Europe, cela vaut sans doute la peine de travailler ensemble.
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