La deuxième partie du quinquennat de François Hollande vient de débuter cette semaine.
Tenace, courageux et intelligent, Manuel Valls dispose des qualités pour apporter la nécessaire stabilité à l'action gouvernementale. Je salue sa nomination.
J'ai l'espoir que ce nouveau gouvernement soit un véritable "gouvernement de combat". Cela implique de l'autorité, du professionnalisme et d'assurer la cohésion gouvernementale.
Manuel Valls doit pleinement jouer son rôle d'animateur du collectif des ministres, rôle qui fait défaut depuis 22 mois et qui a largement contribué au procès en amateurisme du précédent gouvernement.
Aussi nécessaire que l'autorité soit pour un Premier ministre, ce dernier doit avant tout être celui qui assurera la solidarité, la cohésion et la bonne animation de l'équipe gouvernementale.
Une demande de justice sociale
Maintenant que nous avons l'équipe, nous devons voir le cap.
Des objectifs politiques clairs doivent être édictés. L'objectif de redressement économique doit être certes poursuivi mais nous ne pouvons plus faire l'économie de grands objectifs sociaux et sociétaux. Le résultat des municipales nous a enseigné que la population française n'est pas seulement dans un état de désespoir face à une crise économique sans précédent, mais elle prône aussi une volonté de justice sociale et de modernisation de la société.
Trois grands objectifs politiques sont devant nous : laisser respirer notre économie, redonner leur légitimité aux institutions judiciaires et policières et lutter efficacement contre le désamour entre les citoyens et la politique.
Concernant la politique économique actuelle de la France, nous devons l'infléchir.
Nous devons lâcher du lest pour la relancer et donner des signes en faveur du pouvoir d'achat de nos concitoyens.
Alors que les déficits publics ont encore augmenté cette année et que la morosité économique se poursuit en France, conserver une simple logique comptable comme étalon de nos choix économiques est une menace, comme nous l'ont rappelé les Français et les Françaises lors de ces municipales.
L'emploi et la croissance, voilà l'horizon de notre politique économique. Travailler sérieusement à la réussite de ces objectifs n'implique pas de rompre avec la gestion rigoureuse de notre économie mais incombe de revoir notre boîte à outils en matière économique.
Le CICE (Crédit d'Impôts pour la Compétitivité et l'Emploi) ne fonctionne pas. Compliqué et peu lisible, ce crédit est loin d'avoir améliorer les performances des entreprises françaises à l'export. En effet, il n'a pas amélioré la compétitivité des PME mais a bien plus profité aux groupes de la grande distribution qui n'en avaient pas besoin.
Cette usine à gaz doit être supprimée.
Le pacte de responsabilité pourra ainsi être repensé et son budget réaffecté efficacement : les 20 milliards d'euros du CICE pourront être utilisés pour diminuer l'impôt sur les sociétés de 33 à 20% facilitant la lisibilité pour les entreprises et les investisseurs.
Les 10 milliards du pacte de responsabilité pourront servir à soutenir la consommation et donc aider les ménages les plus en difficultés. C'est l'investissement et la consommation qui bénéficieront de ces mesures et accompagneront donc un retour de la croissance et de l'emploi.
Étant parlementaire européen, je ne participerai pas au vote sur le pacte de responsabilité. Mais si la possibilité m'en était donné, pour l'instant je m'abstiendrais de voter pour, car il faut l'améliorer.
Deuxième axe politique pour ce nouveau gouvernement : réaliser une réforme pénale ambitieuse pour mettre un terme au sentiment d'injustice qui règne trop souvent chez les Français.
Avec l'augmentation de la délinquance aussi bien en milieu urbain que rural, il existe aujourd'hui une défiance généralisée tant envers la police que la justice.
Contre cet état de fait, plusieurs solutions sont devant nous : améliorer et augmenter la présence des forces de l'ordre sur l'ensemble du territoire et réduire au maximum l'interminable file d'attente des peines pénales en attente d'exécution : 100.000 pour la seule année 2012.
Cela passera par une évidente augmentation de la présence humaine et donc des moyens financiers mis à disposition du système judiciaire.
Il s'agit des solutions urgentes pour que les citoyens français retrouvent confiance dans ces institutions garantes de la justice.
Renforcer la cohésion de la population française est le dernier axe de réforme d'envergure auquel le gouvernement doit s'atteler.
Les élections municipales ont été l'exemple flagrant du désamour des français face à la politique : l'abstention a atteint des sommets historiques, en particulier dans les quartiers populaires, ceux qui sont trop souvent mis à l'écart de la société, économiquement, socialement et culturellement.
Pour rassembler de nouveau notre société, développer une grande politique de la ville disposant de moyens financiers conséquents est une question pertinente.
Les collectivités locales et territoriales sont les lieux de création de la cohésion sociale et citoyenne – à travers, par exemple, l'insertion professionnelle, le développement des zones urbaines les plus défavorisées ou encore la création de transports en commun assurant la liberté de se déplacer de chacun –, elles réalisent en effet 70% de l'investissement public français.
C'est pourquoi l'État doit redonner du souffle aux collectivités locales et territoriales en renforçant leur capacité d'agir pour la solidarité et la cohésion en France.
Voilà pour moi, parlementaire européen et élu local de la ville de Lille, les trois priorités, les trois combats que le gouvernement de Manuel Valls doit remporter pour redresser la France, son économie et aussi sa société.
Voilà le cap ambitieux que le nouveau gouvernement français doit suivre.
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