Le 5 mars dernier, l’Autorité italienne de la concurrence a condamné les laboratoires suisses Novartis et Roche à 182,5 millions d’euros d’amende pour entente illicite dans la vente de médicaments.
Ces géants pharmaceutiques sont soupçonnés d’avoir entravé la vente de l’Avastin, un anticancéreux de Roche qui peut être utilisé dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) et d’autres maladies de l’œil (entre 30 et 50 euros la dose) au profit du Lucentis de Novartis (près de 900 euros la dose).
Sur la foi de documents transmis par les services de la répression des fraudes, le ministère italien de la Justice vient d’ouvrir une enquête pour escroquerie.
Une procédure qui vient s'ajouter à d'autres, ouvertes en janvier et visant Novartis, au Japon et aux États-Unis, concernant des soupçons de dissimulation d'informations aux autorités et d'effets secondaires aux patients.
En réaction à ces soupçons, je viens d’adresser une question écrite à la Commission européenne en lui demandant de lancer une enquête européenne afin de confirmer l’entente illicite entre les deux laboratoires et en l’appelant à accorder une autorisation de mise sur le marché (AMM) au médicament Avastin dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge.
Au niveau national, je tiens à saluer la réaction rapide de la Ministre de la Santé, Marisol Touraine qui vient de transmettre au Conseil d’État un projet de décret permettant enfin aux ophtalmologistes d’utiliser l’Avastin dans le traitement de la DMLA.
Face à l’intransigeance du laboratoire Roche, la Ministre a été contrainte de recourir à « une recommandation temporaire d’utilisation pour raison économique ». Ce sera la première fois qu’une telle mesure est prise en Europe.
L’enjeu sur ce dossier est autant sanitaire qu’économique, le Lucentis ayant coûté 438 millions d’euros à l’assurance maladie française en 2013. Il s’agit là du premier poste de dépenses pour un médicament dans le budget de l’état.
Ce décret est donc une bonne chose.
Mais il doit rapidement être suivi de l’abrogation de la circulaire de juillet 2012 interdisant la prescription hors autorisation de mise sur le marché de l’Avastin pour traiter la DMLA.
Pour rappel, la dégénérescence maculaire liée à l'âge est une maladie dégénérative qui affecte le centre de la rétine et provoque quelque 3. 000 nouveaux cas de cécité par an en France.