Depuis plusieurs jours, les grandes villes françaises ont leur vie quotidienne rythmée par les pics de pollution. Au delà du voile opaque qui enveloppe nos agglomérations, notre santé physique est en danger. Oui, l'Organisation Mondiale de la Santé l'affirme: les particules fines des nuages toxiques sont cancérogènes, à l'origine de maladies respiratoires nombreuses et sérieuses.
L'urgence de cette situation ne doit pas nous faire tomber dans des jugements à l'emporte-pièce. Si la circulation alternée est possible, elle n'est pas la panacée. Modifier occasionnellement notre trafic n'est pas pertinent. La circulation alternée n'est pas l'alpha et l'oméga de la lutte intransigeante que nous devons avoir pour nous protéger de la pollution.
Au-delà de ces pics que nous connaissons en France, c'est l'ensemble des grandes agglomérations européennes qui est concerné par la baisse inquiétante de la qualité de notre air. Cet effort pour la qualité de notre environnement doit donc être constant. C'est pour cela qu'il faut distinguer le travail à faire à l'échelle d'une municipalité et celui qui doit être fait à l'échelle continentale. Les mesures que proposent par exemple Anne Hidalgo pour la ville de Paris vont dans la bonne direction : le pacte écologique, la production d'électricité renouvelable ou encore le plan de rénovation thermique sont des axes de diminution de notre empreinte écologique efficaces.
À l'échelle du pays, des choix politiques doivent aussi être pris. La promotion du véhicule électrique et l'évolution de notre fiscalité écologique sont des défis que nous devons relever.
Tant que le véhicule électrique ne sera pas aussi abordable ou performant qu'un véhicule classique, il est illusoire d'espérer l'imposer aux français. L'Europe et la France doivent par conséquent accompagner la conversion industrielle nécessaire pour permettre l'émergence rapide de ces véhicules propres et commercialement viables.
Fiscalité ensuite. Le gouvernement de François Hollande mène depuis plusieurs mois une réflexion sur l'évolution de notre fiscalité écologique. Député européen, j'ai depuis deux ans maintenant et à la demande du ministre de l'environnement pleinement pris part aux travaux du comité pour la fiscalité écologique animé par Christian de Perthuis. Nous avons produit un certain nombre de recommandations qui doivent maintenant se traduire en mesures politiques : repenser la taxation du diesel, promouvoir l'économie circulaire dans la gestion des déchets, taxer les émissions carbones sans pénaliser les plus modestes.
Voilà des propositions écologiques qui permettent de lutter à moyen et long terme pour une meilleure qualité de l'air. Mais nous devons aller plus loin. Une fois de plus, l'échelon européen est le plus pertinent pour mener à bien ce combat. Si rien n'est fait d'ici à 2030, on peut craindre une augmentation de la température de plus de deux degrés et par conséquent une accélération des catastrophes climatiques (inondations, ouragans, tremblements de terre, typhons, désertification).
L'Union européenne possède des objectifs ambitieux à ce sujet. D'ici 2030, nous voulons diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport à 1990. Nous voulons également augmenter notre consommation de renouvelables et améliorer notre efficacité énergétique à hauteur de 20%! Notre défi commun maintenant est de rester ambitieux pour convaincre nos partenaires américains et chinois qui pèsent 40% des émissions de CO2 dans le monde contre seulement 11% pour l'Europe!
Mais il faut du concret tout de suite. L'Europe doit devenir la championne de l'énergie renouvelable. Mettre en place un grand partenariat franco-allemand sur l'industrie de la transition énergétique renouvellera notre approche à la fois du renouveau industriel de l'Europe, de la lutte contre le réchauffement climatique et de la croissance économique riche en emplois durables.
Les problèmes de fond réclament des réponses de fond. Les mesures d'urgence sont nécessaires face à des situations exceptionnelles comme nous l'avons connu ces derniers jours. Mais il convient en ce domaine comme dans d'autres de reconnaître la nécessité d'une organisation à l'échelle européenne. C'est plus d'Europe qu'il nous faut là encore.