La Commission européenne a publié le 22 janvier une série de recommandations à destination des États membres de l'Union européenne relatives à l'extraction du gaz de schiste.
Malgré la résolution du Parlement européen du 21 novembre 2012, très sceptique sur l'exploitation européenne du gaz de schiste, malgré la décision votée par les députés européen le 9 octobre 2013 sur l'encadrement stricte des projets européens en lien avec le gaz de schiste et malgré les réticences manifestes des citoyens d'Europe, la Commission européenne revient une fois de plus à la charge en proposant un étrange "manuel" du bon utilisateur du schiste aux pays européens.
La Commission sur-interprète les résolutions du Parlement, lui prêtant un intérêt notoire pour les avantages du gaz de schiste. C'est erroné. Nous étions beaucoup plus nuancé, insistant sur les risques environnementaux et sanitaires plus que sur l'avantage économique.
Surtout, la Commission semble encore fermer les yeux sur les problèmes inhérents du gaz de schiste et de la fracturation hydraulique en Europe. On parle de risques mais pas de dangers de pollution pour les nappes phréatiques européennes, ni des coûts exorbitants de l'exploitation européenne par rapport à l'exploitation américaine car nos sols sont beaucoup moins facilement utilisables, ni des modifications des paysages européens qui inquiètent énormément les citoyens européens et encore moins des rejets de méthane induits par la fracturation hydraulique, un gaz 34 fois plus polluant que le CO2...
L'absence totale de mention de la responsabilité sociale des entreprises européennes procédant à l'extraction de gaz de schiste dans les pays en développement me préoccupe particulièrement. Vu les quantités d'eau gigantesques nécessaires pour l'extraction et les nombreuses pénuries d'eau chez certains de nos partenaires du Sud, il me semble que la Commission fait totalement fi de nos engagements pour la cohérence des politiques publiques pour le développement à l'échelle de l'Union.
La Commission ne recommande pas les bonnes solutions et ne prend pas le risque d'une législation ambitieuse en la matière. Il me semble que ces recommandations sortent de la tour d'ivoire dans laquelle s'enferme l'exécutif européen et ne considèrent absolument pas la réalité européenne du gaz de schiste. On a le sentiment que la Commission européenne donne un blanc-seing à l'exploitation d'une énergie qui apparait pourtant de plus en plus comme une chimère pour l'Europe.
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