Le Parlement européen a décidé de faire de la journée internationale de la femme du 8 mars 2013 une journée de sensibilisation aux effets de la crise économique sur l'égalité hommes-femmes.
Selon un sondage eurobaromètre commandé à cet occasion par le Parlement européen, pour près d'un européen sur trois, la crise a particulièrement aggravé les inégalités salariales (30% des personnes ayant répondu) et accentué la difficulté pour les femmes à concilier vie familiale et vie professionnelle (30%). Plus de 25 000 européens, dans 27 Etats membres, ont été interrogés à cette occasion.
Chez les femmes, les effets de la crise se font sentir plus lentement et moins brutalement que pour les hommes. Plus que les hommes, elles sont donc touchées par une crise silencieuse. En 2008, au moment de l'entrée dans la crise économique, l'impact immédiat sur le travail des hommes a été plus fort. Elles n'ont donc pas été les premières à être victimes de la crise, mais une forte progression s'est produite dès 2009. En ce qui concerne les hommes, les pertes d'emplois se sont situées dans le secteur industriel qui a réagi le plus immédiatement à la crise; les femmes principalement actives dans le secteur des services n'ont été touchées que dans un deuxième temps. Le travail masculin devrait reprendre plus vite alors que des mesures d'économies réalisées dans les services publics affecteront durablement le travail féminin.
Cette crise silencieuse se traduit également par l'augmentation de l'emploi partiel des femmes. En 2011, 31,6% des femmes travaillaient à temps partiel. Le phénomène est tel que la Commission européenne ne parle non plus de travail mais de chômage à temps partiel.
Sur ces problématiques, le Parlement européen (PE), par le biais de sa commission des droits de la femme et égalité des genres, est mobilisé. Nous allons ainsi adopter un rapport sur les répercussions de la crise économique sur l'égalité entre les hommes et les femmes le 12 mars prochain, en session plénière à Strasbourg.
Dans ce document, nous attirons l'attention des Etats membres sur le fait que les femmes qui travaillent dans le secteur public où elles représentent près de 70% des employés en moyenne, sont les principales victimes des coupes budgétaires décidées par les gouvernements des Etats membres. La réduction du nombre de personnes dans la fonction publique a ainsi atteint 25% dans certains Etats membres. Les salaires ont été réduits ou gelés dans le secteur public et les contrats à durée déterminée n'ont souvent pas été reconduits. L'autre effet négatif est que les mesures de réduction des allocations familiales, du congé de maternité, des allocations pour les familles monoparentales, ont accru le risque de pauvreté des femmes et renforcé leur degré de dépendance à l'égard des autres membres de la famille.
Au regard de tous ces éléments, il est nécessaire que la stratégie économique de sortie de crise intègre la question de l'emploi féminin. Pour une femme sur deux, 'augmenter par exemple la disponibilité de structures de garde pour enfants' serait une mesure très efficace pour accéder à un emploi ou le conserver. Nous devons donc bâtir des politiques adaptées. Dans le rapport que nous adopterons la semaine prochaine, nous invitons ainsi la Commission et le Conseil à adopter un plan d'action permettant d'atteindre les objectifs en matière de meilleure prise en charge des modes de garde des enfants avec le développement des crèches d'entreprises et interentreprises.
Dans ce texte, nous soulignons également l'importance que peuvent avoir les négociations collectives avec les partenaires sociaux pour améliorer la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale au niveau sectoriel, national et régional.
Selon le sondage eurobaromètre, deux répondants sur trois (66%) considèrent que l'emploi et la lutte contre le chômage, notamment celui des jeunes, constituent la principale priorité. La mobilisation nationale et européenne des forces productives en faveur de l'emploi et de l'égalité doit donc être à l'ordre du jour. Ce sont des éléments qui seront au coeur de nos propositions lors de la campagne à venir des élections européennes.
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