Les efforts du Parlement européen pour connaître la vérité dans l’affaire John Dalli sont en train de payer.
Pour rappel, le 16 octobre 2012, John Dalli "démissionne" de son poste de commissaire européen suite à un rapport de l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) faisant état de possible trafic d'influence.
D'après ce rapport, à la veille d'une révision de la directive européenne concernant le tabac, le fabricant de tabac suédois Swedish Match a été approché par un entrepreneur maltais prétendant pouvoir user de ses relations avec John Dalli pour faire lever l'interdiction du snus dans l'Union européenne contre le paiement de 60 millions d'euros.
Depuis sa "démission", John Dalli ne cesse de clamer son innocence et affirme être victime d'un complot de l'industrie du tabac alors qu'il s'apprêtait à présenter une nouvelle proposition de loi européenne pour durcir la législation sur le tabac.
José Bové, Eurodéputé d'Europe Ecologie/ Les Verts, est récemment parvenu à mettre à mal la version officielle de la Commission européenne et de l'OLAF en remettant à la presse l'enregistrement d'une discussion avec deux lobbyistes de Swedish Match.
Les deux professionnels reconnaissent que l'OLAF les a poussés à maintenir, au cours de l'enquête, une version erronée des faits.
Ainsi la rencontre entre John Dalli, le patron de Swedish Match, Silvio Zammit, et la représentante de l'entreprise à Malte, Gayle Kimberley, au cours de laquelle le Commissaire aurait accepté 60 millions d'euros en échange du snus partout en Europe, n'aurait jamais eu lieu.
La principale pièce du dossier d’accusation repose donc sur un double mensonge, celui de Gayle Kimberlay et celui de l’OLAF.
Le dossier me semble de plus en plus fragile d’autant que les « échanges de mails » entre John Dalli et Silvio Zammit, qui indiqueraient que le premier était au courant des tractations du second, n’ont jamais été rendus publics. Sans doute parce qu'ils n’existent pas…
Suite à ces révélations, je ne peux que m'interroger sur le rôle joué par le Président de la Commission européenne dans cette triste affaire. José-Manuel Barroso, a-t-il été l’instrument, conscient ou non, de l’industrie du tabac lorsqu’il a poussé le Commissaire Dalli à la démission malgré l'absence de preuves tangibles?
L'industrie du tabac n'est pas parvenue à "influencer" le contenu de la proposition législative. Par contre, le retard de publication du texte entraîne bien évidemment un décalage dans son adoption, ce qui ravie l'industrie.
Cette affaire me pousse à soutenir la création au Parlement européen d'une commission spéciale sur la bonne gouvernance dans les institutions et agences européennes, que j'aborderai dans un billet spécifique.