Dans son plan d'action pour l'industrie automobile, Antonio Tajani, Commissaire européen à l'industrie, a souhaité mettre fin à l'ultralibéralisme béat de la politique commerciale de l'UE, point que j'ai souvent défendu lors de débats à Bruxelles en prônant le nécessaire avènement du juste échange dans notre politique.
Ce plan d'action prévoit de tenir compte à l'avenir des effets réels de la libéralisation des échanges entre l'UE et les pays tiers. Aujourd'hui, la politique commerciale européenne est en effet trop naïve et laxiste vis-à-vis de pays tiers qui ne rechignent pas à supporter et préférer leurs entreprises au détriment des entreprises européennes.
Plus particulièrement dans le secteur automobile, les derniers accords commerciaux ne sont pas des exemples de juste échange entre les pays : en février 2011, l'accord de libre échange signé avec la Corée du Sud à supprimer tous les droits de douanes pour les produits coréens entrant sur le marché européen alors que dans le sens inverse les droits de douanes restaient de 8%. Les négociations en cours avec l'Inde prévoit la suppression des droits de douanes pour les produits indiens entrant sur le sol européen alors que dans le sens inverse, les droits resteraient de l'ordre de 60%. Bref, on est bien loin de la notion de réciprocité qui devrait être au centre de ces accords de libre-échange.
Cependant, le plan d'action pour le secteur automobile prend enfin la mesure de ce problème , notamment après une intense pression du gouvernement socialiste français. Désormais, des études d'impact seront lancées avant et après chaque signature d'un accord de libre échange, avec pour objectif principal d'évaluer les conséquences sur la compétitivité du secteur automobile en Europe de ces accords. "Nous ne pouvons pas sacrifier des secteurs clés tels que l'automobile pour de prétendus avantages commerciaux" a ainsi très justement déclaré le Commissaire à l'industrie.
C'est un grand pas en avant vers le juste échange qui est plus que nécessaire à un moment où le secteur automobile européen est en crise. Le libéralisme aveugle a fait des ravages en Europe au cours des dernières décennies, décimant une grande partie de notre industrie. La Commission européenne va enfin dans le bon sens avec cette proposition.
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