Mardi 13 novembre 2012, la commission ENVI du Parlement européen dont je suis membre a auditionné Monsieur Tonio Borg, candidat maltais au poste de commissaire européen.
Au cours de cet exercice qui a duré plus de 3 heures, Monsieur Borg a fait preuve d'une grande connaissance de ses dossiers et d'un sérieux professionnel incontestable. Cependant, sur un certain nombre de valeurs et de prises de position, le candidat Borg est plus que contestable.
Il faut en effet rappeler des déclarations très polémiques prononcées et assumées par le potentiel commissaire maltais. Droits des homosexuels, droit à l'avortement ou même droit au divorce sont autant de sujets sur lesquels M. Borg s'oppose profondément. Pour représenter l'exécutif européen, il ne suffit pas de se plier aux droits et valeurs de l'Europe comme Tonio Borg a promis de le faire, il faut également les incarner et les défendre. Comment ne pas imaginer qu'une personne aux positions si extrêmes comme M. Borg, n'adoptera pas des positions tout aussi conservatrices sur des sujets politiques nécessitant une vision politique profonde et une envie de progrès.
Pour information, et pour comprendre un peu mieux qui est M. Borg, En 2004, il avait défendu une transcription incorrecte de la directive européenne sur liberté de circulation, afin d'empêcher l'immigration d'homosexuels qui n'est pas "dans l'intérêt de Malte"... Cette transposition avait menée la Commission européenne à lancer une procédure en infraction. Ancien ministre de la Justice, il a souvent été l'avocat d'une criminalisation de l'avortement. En janvier 2009, lors des débats sur la réforme des pensions dans son pays, il avait déclaré : "Nous ne voulons aider que ceux qui le méritent", pour justifier le refus de ne pas placer les couples homosexuels sous la protection de cette nouvelle législation et sous celle qui les protège comme locataires. En 2011, il a été un des onze députés maltais à s'être opposé à l'introduction du divorce malgré un référendum populaire qui avait montré au préalable que la population y était favorable.
Bref, Monsieur Borg ne répond pas, d'après moi, aux conditions minimum de l'esprit des valeurs européennes et socialistes pour mériter sa nomination comme commissaire européen. Le Parlement européen a déjà rejeté la nomination de Rocco Buttiglione pour ses propos sur l'homosexualité, il doit recommencer avec Tonio Borg.
Il va de soi que je voterai contre la nomination de ce commissaire maltais.