A l'occasion de l'université de rentrée de Lomme, ce samedi 8 septembre, nous avons voulu aborder la problématique du rôle de l'Europe dans la mondialisation.
Sur ce dossier, l'Union Européenne a un rôle central à jouer, comme en témoigne par exemple l'existence du Fonds Européen d'Ajustement à la mondialisation. La Commission a ainsi rendu public, le mardi 4 septembre 2012, son rapport sur ce Fonds qui permet de cofinancer à hauteur de 60% des programmes d'aides aux travailleurs dont les entreprises ont subi des restructurations. En 2011, 128 millions d'euros ont ainsi été versés au titre de la formation et de l'aide à la recherche d'un nouvel emploi pour les salariés dont les entreprises ont connu une restructuration.
L'existence d'un tel outil démontre que la réponse aux conséquences de la mondialisation se trouve au niveau européen, en particulier parce que la politique commerciale est devenue une compétence exclusive de l'Union Européenne qui mandate la Commission pour négocier les différents accords commerciaux.
L'Europe ne peut envisager une posture défensive face à la mondialisation. Selon l'Organisation de Développement et de Coopération économique, d'ici à 2020, 90% de la croissance mondiale se fera hors d'Europe, dans les pays émergents. C'est dans ces pays que se situent ainsi les quatre-cinquièmes de la population mondiale et les marchés en forte expansion. L'Europe, qui est actuellement la première puissance économique et commerciale, devra être présente sur ces marchés.
L'appartenance à un bloc qui représente 33% du PIB mondial comptant 500 millions d'habitants et de consommateurs donne les moyens de peser dans la mondialisation et les négociations internationales. L'Union Européenne parvient de fait à s'imposer en faisant par exemple de ses standards en matière environnementale une référence pour les autres partenaires. C'est ainsi avec succès qu'elle a promu le principe de précaution dans les accords multilatéraux liés à l'environnement, la régulation des OGM, le changement climatique ou encore la régulation des produits chimiques.
Malgré d'incontestables atouts sur la scène commerciale internationale, on reproche souvent à l'Union Européenne une certaine naïveté dans sa manière de conclure certains accords qui permettent un accès aisé aux marchés européens par une réduction des droits de douane sans que cela ne soit réciproque. Cette naïveté est aussi liée aux vues très libre-échangistes qui prédominent au sein de la Commission européenne.
L'accord conclu avec la Corée du Sud et ses conséquences sur l'industrie automobile constitue ainsi un exemple parlant. En février 2011, l'accord de libre échange signé avec ce pays a supprimé tous les droits de douanes pour les produits coréens entrant sur le marché européen alors que dans le sens inverse les droits de douanes restaient à 8%. Cette différence de droits de douane permet ainsi de baisser le coût des véhicules sud-coréens entrant sur le marché européen alors que les exportations européennes elles se voient désavantagées par le maintien des droits de douane.
L'exemple de la crise actuelle que traverse le secteur automobile montre que l'élaboration d'une politique industrielle est nécessaire au niveau européen dans un contexte de compétition internationale accrue. Les autorités européennes doivent en effet travailler avec les constructeurs automobiles sur le véhicule de demain, sur son utilité sociale et environnementale en vue d'assurer une compétitivité qualitative au secteur automobile européen. Ceci doit permettre de mettre fin à la course aux réductions des coûts qui a amené à de nombreuses délocalisations. L'Union européenne a ainsi un rôle à jouer dans le soutien de l'internationalisation de l'industrie européenne en améliorant l'accès au marché par le biais des négociations commerciales, des travaux sur la convergence des réglementations et des procédures ou encore en facilitant les prêts aux entreprises émis par la Banque Européenne d'Investissement.
Pour pouvoir se battre à armes égales, le principe du juste échange paraît ainsi le mieux adapté. L'idée de réciprocité est particulièrement pertinente en matière de marchés publics, notamment en Inde, au Canada et en Chine. Afin de faciliter la relance des économies européennes, il faudrait également voir comment mettre en œuvre une clause "Buy European" qui s'appliquera notamment dans le domaine des marchés publics.
Au-delà de l'accès aux marchés publics, il est nécessaire d'intégrer plus explicitement, dans le cadre des différents accords, le respect des règles sociales. La mise en place d'un organisme commun avec des observateurs de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) pourrait ainsi être une mesure allant en ce sens. Dans un rapport d'initiative adopté le 27 septembre 2011, le Parlement européen a ainsi exigé de la Commission européenne qu'elle inclue de manière systématique dans tous les accords de libre-échange qu'elle négocie avec des Etats tiers, une série de normes sociales et environnementales.
Face à la mondialisation et à la concurrence internationale, la négociation paraît plus la solution que le protectionnisme. Les mesures de protection conduisent en effet inéluctablement à des mesures de rétorsions contre les exportations européennes, ce qui conduit à la pénalisation des entreprises qui exportent.
La compétitivité de nos économies ne passe pas par la baisse du coût du travail mais par la qualité des produits et des services qui peuvent être proposés sur les marchés. Ceci implique d'augmenter l'effort de recherche, d'innovation, de formation et de qualification. Dans le cas des pays scandinaves, 4,5% du PIB sont ainsi consacrés à la recherche.
Face aux puissances économiques émergentes, ou déjà bien émergées, l'Union européenne a des atouts dans la mondialisation qui ne doit pas seulement être perçue comme une menace. Pour transformer la mondialisation des échanges en une opportunité, ceci exige de chaque pays européen de se montrer stratège.
Le niveau européen, malgré la crise actuelle de la zone euro, continue à être le niveau d'intervention pertinent pour gérer les défis globaux liés à la mondialisation, qu'ils soient sociaux ou environnementaux. L'Union Economique et Monétaire a été une manière de gérer la mondialisation. L'euro est en effet né de l'expérience de l'effondrement du système monétaire issue de Bretton-Woods qui permettait de limiter la fluctuation des monnaies. Il a en effet été crée pour limiter les dévaluations qui dopaient artificiellement les exportations entre les partenaires européens. L'euro, malgré toutes ces vicissitudes, continue à être aussi un moyen essentiel de se battre à armes égales face au dollar ou au yen.
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