Vers une réduction des amalgames dentaires au mercure en France

Entre 17 et 18 tonnes ! Telle est l’incroyable quantité de mercure qui est déversée chaque année dans les dents creuses des Français, sous forme d'amalgame dit à tort "plombage", pour en obturer les caries.

Il s'agit d'un peu glorieux record européen car le mercure, chacun le sait depuis longtemps, est un dangereux poison - notamment un redoutable neurotoxique -, dont on essaie un peu partout de débarrasser la dentisterie.

La Suède, la Norvège, le Danemark, le Canada en ont interdit l'emploi par les dentistes, ou du moins strictement restreint l'usage. Le gouvernement américain s'est prononcé pour la "suppression progressive des amalgames", de même que le Conseil de l'Europe.

Le nouveau gouvernement français a décidé de se saisir très rapidement de cette question. Le 22 juin dernier, les autorités françaises ont annoncé qu'elles ne s'opposaient pas "à une suppression des amalgames du mercure dans le traitement de la maladie carieuse".

Par ce changement de position, la France rejoint les pays qui ont déjà tourné le dos aux plombages au mercure (Norvège, Danemark, Suède) ou qui, comme l'Italie n'en utilisent quasi plus.

La France sort ainsi d'une situation d'isolement grandissant sur cette question.

La quatrième session du Comité Intergouvernementale de Négociation (INC4) a débuté le 27 juin dernier à Punta del Este (Uruguay). Ces négociations visent l'élaboration d'un instrument juridiquement contraignant sur le mercure à l'échelle mondiale dans la perspective de la Convention de Minamata, attendue pour 2013.

Lors de la précédente session (INC3 à Nairobi en novembre 2011), l'Afrique réclamait la fin de l'usage du mercure dentaire. Elle était soutenue par la région Asie-Pacifique, l'Amérique latine, les Etats-Unis et l'Australie. L'Union européenne n'avait pas pris position en raison des réticences françaises.

La nouvelle position des autorités françaises risquent de donner un nouvel élan aux négociations sur l'interdiction mondiale du mercure dans les amalgames dentaires.

Pour information, de nombreuses études révèlent que le mercure élémentaire est un CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique) qui s'amasse toute la vie dans le cerveau, les glandes endocrines, et le système cardio-vasculaire et provoque des maladies chroniques (Alzheimer, Parkinson, autisme).

Les rejets de mercure dans l'environnement représentent également un danger pour celui-ci, se retrouvant sous différentes formes dans l'atmosphère, les sols ou les cours d'eau.