Un an et demi après l'éclatement du scandale Mediator le premier procès pénal visant les laboratoires Servier s'est ouvert aujourd’hui à Nanterre, en présence du patron du deuxième groupe pharmaceutique français, Jacques Servier, âgé de 90 ans.
Pour rappel, le Mediator, médicament antidiabétique largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation, de 1975 à 2009, est soupçonné d'avoir causé au moins cinq cents morts en trente ans voire mille à deux mille selon d'autres estimations. Cinq millions de personnes en ont consommé.
Les victimes du Mediator ont choisi plusieurs voies pour obtenir réparation. Certaines ont déposé plainte à Paris, ouvrant la voie à une instruction. D'autres ont choisi la voie de la citation directe à Nanterre avec, pour perspective, des indemnisations plus rapides.
Aujourd’hui, plus de 350 personnes demandent réparation à Servier et à son fondateur, Jacques Servier devant le tribunal correctionnel, sans attendre l'instruction menée au pôle santé du parquet de Paris sur les mêmes faits.
Les plaignants reprochent à Servier de les avoir "délibérément" trompés sur la composition du Mediator en ne les informant pas de "la nature anorexigène" de son principe actif, le Benfluorex, alors que ce dernier diffuserait dans l'organisme une substance toxique, la norfenfluramine, une molécule très proche de l'amphétamine. Or, la norfenfluramine provoque des hypertensions artérielles pulmonaires, qui peuvent nécessiter une greffe, et multiplie par trois le risque de valvulopathies.
Jacques Servier et quatre ex-cadres de Servier et de Biopharma qui a commercialisé le Mediator encourent 4 ans de prison et une amende de 37.500 euros, Servier et Biopharma une amende de 150.000 euros ainsi qu'une interdiction d'exercer.
Si la tromperie est reconnue à l'encontre du laboratoire lors de ce procès, cela facilitera les démarches de l’ensemble des victimes pour obtenir réparation.
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