Depuis le mardi 20 mars, aucun bétail vivant d'origine européenne ne peut franchir les frontières de la Russie. Moscou motive sa décision en invoquant la propagation du virus de Schmallenberg en Europe.
Identifié en novembre 2011, ce virus, qui porte le nom du village allemand où il a été détecté, continue de se propager. Après avoir touché des élevages en Allemagne, en France, en Belgique, en Hollande, au Luxembourg, en Grande-Bretagne et en Italie.
Cette maladie touche les cheptels européens de ruminants, provoquant abattements, fièvres, avortements et malformations à la naissance.
A l'heure actuelle, les services vétérinaires européens rappellent que le virus n'est pas dangereux pour les humains et que les animaux ne sont pas contagieux. La transmission du virus se ferait par piqûre de moucherons ou de moustiques.
Sur cette base, la décision prise par Moscou semble disproportionnée et injustifiée.
Le commerce des animaux vivants européens ne menacent en rien la santé des citoyens russes. Ces restrictions ne se fondent en aucune façon sur des faits scientifiques. Les motifs invoqués par les autorités sanitaires russes pour justifier l'embargo ne sont pas pertinents pour le virus Schmallenberg.
L'inclusion des porcins vivants dans l'embargo est illogique car ils ne sont pas affectés par la maladie. Or ces derniers représentent une bonne part des 75 millions du manque à gagner dû à l'arrêt des exportations de bétail vivant. Les pays les plus touchés par la mesure sont les trois pays baltes. Plus de 75% des exportations lettones de porcins vivants vont vers la Russie.
Cette décision - prise alors que la Russie se prépare à entrer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à la mi-août - envoie un signal très négatif à ses partenaires commerciaux internationaux. Moscou devra adapter ses règles commerciales aux engagements pris à l'égard de l'OMC d'ici la date d'adhésion. Si ce n'est pas le cas, le mécanisme de règlement des litiges sera saisi.
Ce n'est pas la première fois que la Russie adopte ce type de mesures: lors de l'affaire de la bactérie E. coli, elle avait dressé un embargo sur les fruits et légumes en provenance de nombreux pays européens dès l'apparition des premiers cas.
Cette réaction a eu des répercussions catastrophiques sur le secteur des légumes et de l'agriculture dans l'Union européenne.
Un régime de compensation de 227 000 000 euros a été mis en place à la suite de l'interdiction russe.
Mauvaise préparation, inadéquation de la réaction, failles dans la stratégie de communication autant de lacunes qui peuvent mettre en péril les relations commerciales entre les Etats membres ou entre les Etats membres et les pays tiers.
Dans le cadre de mon rapport sur les menaces transfrontières graves en matière de santé, j'entends prôner une meilleure coopération et une meilleure communication entre les Etats membres en gestion de crise. Le virus Schmallenberg, comme la bactérie E.coli, sont des précédents que je prendrai bien évidemment en compte dans la rédaction de ce rapport.
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