Le géant américain de l'industrie pharmaceutique Merck aurait dissimulé un dysfonctionnement grave dans son traitement de l'hépatite C, révèle aujourd'hui le journal Libération.
Le problème ne résulterait pas du médicament ViraferonPeg lui-même, mais du stylo-seringue permettant son injection.
L'alerte a été lancée en février 2011 par un professeur de médecine, Albert Tran, chef du service d'hématologie à l'hôpital l'Archet de Nice. A l'époque, il constate dans son service que le ViraferonPeg guérit deux fois moins de patients que le traitement concurrent, le Pegasys, fabriqué par Roche. "J'ai regardé ce stylo de plus près, je l'ai étudié en long, en large et en travers. J'ai constaté qu'en effectuant certaines manœuvres, il peut se bloquer. Il peut également ne pas injecter la dose, sans que l'infirmière ou le patient s'en rendent compte.", raconte le Pr Tran à Libération.
Conscient de ce problème de blocage, le laboratoire américain avait mis en place, dès 2006, un numéro vert pour informer les patients mais ce sans résoudre le dysfonctionnement en question. Le taux de réclamation lié au blocage restait extraordinairement élevé. A tel point que l'Agence européenne des médicaments (EMA) analysait, chaque trimestre, le nombre d'accidents reportés. Cependant, elle n'a jamais demandé le retrait du produit car elle estimait que ce problème "ne soulevait pas d'inquiétude".
Pour information, le traitement de l'hépatite C est calculé au mg près. Si les doses ne sont pas respectées, les chances de guérir décroissent. Le Pr Tran a ainsi constaté que si 62% de ses patients utilisant un autre traitement guérissaient, ce n'était le cas que de 25% de ceux traités avec le ViraferonPeg.
Libération révèle que la branche française des laboratoires Merck a été avertie il y a un an par le Pr Tran, provoquant une vive inquiétude parmi les cadres français de l’entreprise, qui auraient averti le siège américain. Mais ensuite, rien.
Merck assure avoir informé l’EMA et l’Afssaps, mais celles-ci affirment n’avoir été averties de rien.
Contacté par Libération, Merck France se contente de répondre que des vérifications ont été faites et qu’«aucune non-conformité n’a été rapportée».
Aujourd'hui, l'Afssaps et l'Agence européenne du médicament n'estiment, semble-t-il, pas nécessaire de procéder à une enquête sur le sujet. C'est pourquoi, je vais prochainement interpeller la Commission européenne afin de déterminer le rôle joué par l'EMA dans cette affaire.
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