Plusieurs ONG françaises alertent l'opinion sur l'utilisation du mercure dentaire dans 70 % des amalgames de molaire ou de prémolaire en France
Sous forme de plombages et d'amalgames pour soigner les caries, 17 à 18 tonnes de mercure sont placées chaque année sur les dents des français. Pourtant, de nombreuses études révèlent que le mercure élémentaire est un CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique) qui s'amasse toute la vie dans le cerveau, les glandes endocrines, et le système cardio-vasculaire et provoque des maladies chroniques (Alzheimer, Parkinson, autisme).
Les rejets de mercure dans l'environnement représentent également un danger pour celui-ci, se retrouvant sous différentes formes dans l'atmosphère, les sols ou les cours d'eau
Le Conseil de l'Europe a adopté en mai dernier une résolution qui proposait "la restriction, voire l'interdiction des amalgames comme matériaux d'obturation dentaire".
En parallèle, un récent rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à l'utilisation de matériaux alternatifs.
La Norvège, la Suède et le Danemark ont déjà interdit l'amalgame dentaire.
En tant que membre de la commission environnement et santé publique, j'ai adressé la question suivante à la Commission européenne:
La Commission européenne peut-elle m'indiquer si elle entend prendre prochainement position sur la diminution voire l'interdiction de l'usage de l'amalgame dentaire?
La Commission européenne vient de me transmettre les éléments de réponses suivants:
Dans son avis sur l’innocuité des amalgames dentaires et des matériaux de restauration dentaire de substitution pour les patients et les professionnels dentaires adopté en mai 2008, le Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux (CSRSEN) conclut qu’aucune preuve scientifique ne permet d’établir un lien entre l’utilisation d’amalgames dentaires pour la restauration des dents, d’une part, et des pathologies telles que la maladie d’Alzheimer, l’autisme ou d’autres troubles neurologiques, d’autre part.
Selon l’avis en question, l’amalgame dentaire est un matériau de restauration efficace et peut être considéré comme le plus indiqué pour certaines restaurations dentaires. Rien ne permet de conclure, sur la base des preuves scientifiques disponibles, que l’utilisation relativement répandue des amalgames dentaires dans les soins bucco-dentaires en France soit dangereuse pour la population concernée.
La Commission a récemment consacré aux effets de l’amalgame dentaire sur l’environnement une étude qui tient dûment compte de tous les aspects du cycle de vie des matériaux utilisés et qui prévoit une analyse du marché des amalgames dentaires et d’éventuels substituts sans mercure. Les résultats de cette étude devraient être disponibles pour la mi-2012.
La résolution du Conseil de l’Europe comme le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) demandent l’abandon progressif de l’amalgame dentaire; le second précise toutefois que des «matériaux de substitution aux amalgames dentaires existent, mais que leur qualité doit être améliorée pour permettre leur utilisation dans les soins de santé publics». Cette opinion est conforme à l’avis du CSRSEN.
L’utilisation des amalgames dentaires est en baisse depuis quelques années. Au vu des connaissances scientifiques actuelles, la Commission ne voit aucun motif de proposer des mesures restreignant l’utilisation des amalgames dentaires pour des raisons de santé publique, mais elle serait prête à reconsidérer sa position si de nouvelles données venaient à être disponibles sur d’éventuels risques que les amalgames dentaires feraient peser sur la santé ou l’environnement.
Merci Monsieur Pargneaux de votre intérêt pour ce problème aigu de santé publique, et pour votre question écrite à la Commission européenne.
Dans sa réponse, la CE s’appuie sur le rapport du CSRSEN (SCENIHR en anglais) qui a conclu en 2008 que le mercure dentaire n’était pas dangereux pour la santé.
Or ce rapport, rédigé par quatre dentistes connus pour leur position favorable à l’amalgame (dont le Pr Michel Goldberg, expert à l’Afssaps et grand défenseur du mercure dentaire) a été soumis à la critique de scientifiques qui contestent sa conclusion rassurante et qui relèvent de graves défauts déontologiques dans la conduite de cette « expertise ».
Le chercheur indépendant allemand Joachim Mutter, exempt de conflits d’intérêts, a fait une analyse critique extrêmement bien documentée du rapport du CSRSEN, et l’a publiée dans une importante revue à comité de lecture, Journal of Occupational Medicine and Toxicology : « Is dental amalgam safe for humans? The opinion of the scientific committee of the European Commission » (dans http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3025977/). Traduction française : http://www.non-au-mercure-dentaire.org/_fichiers/isdentalamalgamesafeforhumans_joachimmutter_traductionfranaise4.pdf).
Lors de la publication du pré-rapport, en février 2008, nous avions rédigé avec le Professeur André Picot des commentaires sur ce rapport : http://www.europaem.eu/politics/Consultation_Response_SCENIHR_report.pdf
Cela ne fait pas honneur à la Commission européenne d’être à l’origine d’un tel rapport, à l’opposé d’une expertise indépendante basée sur l’état des connaissances scientifiques, et de continuer à défendre les intérêts corporatistes de la profession dentaire au mépris de la santé des Européens (y compris celle des dentistes et des assistantes) et de l’environnement.
Nous nous tenons à votre entière disposition pour vous apporter de la documentation scientifique sur le sujet.
Bien cordialement,
Marie Grosman
Conseillère scientifique de l’association Non au mercure dentaire
Auteur avec Roger Lenglet de « Menace sur nos neurones. Alzheimer, Parkinson… et ceux qui en profitent » paru aux éditions Actes Sud en septembre 2011.
Rédigé par : Marie Grosman | samedi 28 janvier 2012 à 23:04
Chère Madame Grosman,
Je vous remercie pour ces précieuses informations.
Je viens d'adresser une nouvelle question écrite à la Commission européenne sur la présence d'éventuels conflits d'intérêts dans l'élaboration de l'avis du CSRSEN.
Dès sa réception, je vous transmets la réponse de la Commission.
Cordialement,
Gilles Pargneaux
Rédigé par : Gilles Pargneaux | lundi 30 janvier 2012 à 16:51
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Rédigé par : moncler outlet paris | jeudi 21 novembre 2013 à 19:28