Le Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit 2011 du Parlement européen a été attribué, hier, à un groupe de cinq militants du printemps arabe en reconnaissance et soutien de leur combat en faveur de la liberté et des droits de l'homme.
Les cinq lauréats sont les suivants:
Asmaa Mahfouz est une jeune blogueuse égyptienne, dont les vidéos sur Youtube ont amené des milliers de personnes dans les rues pour protester contre le régime répressif du président Hosni Moubarak.
Ahmed El-Senoussi est le plus ancien prisonnier d'opinion de Libye, détenu 31 ans suite à une tentative de coup d'État contre l'ancien dictateur Kadhafi.
Mohamed Bouazizi était un jeune vendeur de rue, dont l'auto-immolation a déclenché de nombreuses protestations dans les heures qui ont finalement conduit à la chute du régime tunisien.
Ali Ferzat est un caricaturiste syrien connu pour ses caricatures ridiculisant les dictateurs arabes. Il a fui la Syrie après avoir été agressé en août et s'être fait casser les deux mains.
Razan Zaitouneh est une avocate des droits de l'homme de Syrie qui a dû se cacher après avoir été accusée par le gouvernement d'être un agent étranger en raison de ses rapports quotidiens - sur son site web ShRIL et aux médias étrangers - sur les atrocités commises contre des civils en Syrie.
Seuls deux des lauréats ont pu assister en personne à la remise des prix: Asmaa Mahfouz, jeune blogueuse d'Égypte, et Ahmed El-Senoussi, le plus ancien prisonnier de Libye. Le Parlement a observé une minute de silence en mémoire de Mohamed Bouazizi, qui en s'auto-immolant pour protester contre la répression des autorités tunisiennes a déclenché des protestations généralisées dans le pays.
Dans son discours, Asmaa Mahfouz, a déclaré: "Cette récompense rend hommage à toutes ces personne en Égypte qui se sont montrées beaucoup plus courageuses que moi et qui ont effectivement sacrifié leur vie dans la rue, je tiens à vous dire combien je suis fière de tous les martyrs de la révolution arabe. Nous ne les trahirons pas, nous allons poursuivre ce chemin".
Ahmed El-Senoussi a souligné l'importance de la réconciliation: "Nous devons reconstruire notre pays, en faisant preuve de tolérance même envers ceux qui ont commis des crimes, qui ont violé la dignité humaine". Il a remercié les voisins européens de la Libye, les premiers à être venus en aide à la Libye, pour leur "soutien diplomatique et militaire sans ambiguïté".
Le dessinateur syrien, Ali Ferzat, qui vit exilé au Koweït, a envoyé un message vidéo dans lequel il exprime sa gratitude pour le prix mais aussi son chagrin et sa tristesse devant le nombre de victimes dans son pays d'origine, la Syrie, qui "augmente à chaque minute".
L'avocate des droits de l'homme en Syrie, Razan Zaitouneh, qui vit dans la clandestinité, a envoyé une lettre en ces termes: "Je tiens à remercier le Parlement européen et tous ceux qui ont fait preuve d'empathie avec le soulèvement de notre peuple, et qui l'ont pris en charge de quelque façon que ce soit, pour assurer un avenir libre de répression, de prisons, et de versement de sang. Pour tous les braves gens de Tunisie, d'Égypte, de Libye, du Yémen, du Bahreïn et d'ailleurs. Pour ceux qui ont obtenu leur liberté, et ceux qui luttent encore pour l'avoir".
Chaque année le Prix Sakharov est décerné par le Parlement européen. Créé en 1988, il récompense des personnalités ou des collectifs qui s’efforcent de défendre les droits de l’homme et les libertés fondamentales.
Aux alentours du 10 décembre, le Parlement européen remet son « Prix pour la défense des droits de l’homme » (50 000€), lors d’une séance solennelle à Strasbourg. La date correspond au jour de la signature de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies, en 1948.
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