Deux jours après le vote sur le paquet gouvernance économique, texte crucial de la législature 2009-2014, vous trouverez ci-dessous une explication du groupe socialiste sur les raisons qui nous ont conduit à voter contre ce texte.
Nous avons en effet voté contre la plupart des éléments du Paquet Gouvernance Economique négocié entre le Conseil et la majorité de centre-droit du Parlement européen, tout en approuvant le rapport FERREIRA qui contient nombre de victoires importantes, et en s'abstenant sur le rapport HAGLUND, qui est étroitement lié à la mise en œuvre du rapport FERREIRA.
Pourquoi le "6-pack" du paquet gouvernance économique est un pas de plus dans la mauvaise direction pour l'Europe et en quoi les sociaux- démocrates offrent une meilleure alternative
Un choix fondamental pour l'avenir de l'Europe
L'Union Européenne est face à un choix difficile. Pour le Groupe S&D, il est essentiel de revenir à des finances publiques saines, mais une politique d'austérité sans politique de croissance et de reprise est vouée à l'échec. Le paquet gouvernance économique de centre-droit menace de faire courir l'Europe à sa perte.
Le Groupe S&D a posé clairement une alternative dans un communiqué intitulé Une sortie de crise équitable[1], qui combine une consolidation fiscale stricte à moyen terme avec des mesures pour sauvegarder l'investissement et les services publics essentiels; pour promouvoir la croissance et l'emploi; pour trouver de nouvelles sources de recettes fiscales; pour stabiliser les marchés financiers; et réduire les coûts liées aux emprunts obligataires.
Après des mois de négociation, notre Groupe a fait tout ce qui était en son pouvoir pour trouver un compromis en faveur d'un paquet gouvernance économique équilibré, mais la majorité conservatrice au Conseil et au Parlement a refusé de céder d'un pouce sur leur position rigide en faveur de l'austérité budgétaire, même devant l'évidence grandissante que cette approche nous conduit de plus en plus à une récession en W.
Dès lors, en juin notre Groupe a voté contre la plupart des éléments du paquet, tout en soutenant le rapport FERREIRA dans lequel nous avons engrangé des sauvegardes importantes. Depuis le mois de juin et quelques trilogues plus tard, le paquet ne s'est pas amélioré. C'est pourquoi, pour la prochaine plénière, le Groupe a décidé à une majorité écrasante de conserver la même ligne de vote qu'en juin.
Nous nous opposons au paquet en général pour trois raisons principales:
- Le paquet est économiquement mal ficelé. Les mesures d’austérité qui ne protègent pas l’investissement et dépriment la demande vont tuer la croissance, détruire des emplois, et feront dérailler la reprise économique, sans laquelle un retour à des finances publiques saines est impossible.
- Le paquet est socialement déséquilibré. Il obéit aux pressions des marchés financiers et fait peser les coûts de la crise sur les citoyens ordinaires.
- Le contrôle démocratique des décisions-clé de politique économique est inadéquat.
Ce que fait la droite: diviser, déteriorer, renforcer l’injustice et aller droit dans le mur
Il est plus évident jour après jour que la poursuite obsessionnelle de l’austérité budgétaire, indépendamment des conséquences économiques et sociales met un frein à la reprise fragile en Europe et nous enfonce dans une récession, potentiellement plus grave que celle de 2008-2009. Les politiques poursuivies dans une Europe dominée par la droite sont mal pensées, néfastes et destructrices.
Afin d’éviter une nouvelle récession, le FMI a insisté sur la nécessité pour l’Europe de prendre des mesures qui stimulent la croissance et l’investissement. Aux Etats-Unis, également exposés à un deuxième tour de récession et avec une dette publique plus importante que dans la zone euro, le Président Obama a réagi avec un plan de 450 milliards de dollars en faveur de l’emploi. Nous attendons en vain une réponse comparable des leaders en Europe.
Sans croissance, même les plus dures des politiques budgétaires ne réduiront pas les déficits budgétaires. En Grèce, malgré les coupes dans les dépenses et les augmentations d’impôts, les objectifs budgétaires pour 2011 ne seront pas atteints, et de loin, car l’affaissement de la demande a laminé les rentrées fiscales. Même les marchés financiers et les agences de notation en sont actuellement à revoir leur évaluation des dettes souveraines, par exemple en Italie, car, sans croissance, ils ne voient pas comment les déficits et la dette pourraient être résorbés.
Nous rejetons les remèdes de la Droite parce qu’ils sont destructeurs et qu’ils sont mauvais. Des politiques qui font peser les coûts de la crise sur les citoyens ordinaires, alors que les profits et bonus du secteur financier atteignent des sommets, sont mauvaises. Des politiques qui font perdre leur emploi aux européens, qui laminent les investissements vitaux et les dépenses sociales sont mauvaises. Des politiques qui dressent les européens les uns contre les autres, le nord contre le sud, sont mauvaises.
Il existe une meilleure approche.
Une meilleure sortie de crise
Le Groupe S&D propose un agenda alternatif qui combine une consolidation budgétaire stricte à moyen terme avec des mesures qui garantissent l'investissement et les services publics essentiels, qui encouragent la croissance et l'emploi, qui trouvent de nouvelles recettes fiscales, qui stabilisent les marchés financiers et réduisent les coûts des emprunts obligataires.
Les grandes lignes en sont les suivantes:
1. Un Pacte Européen pour la Croissance et l'Emploi qui promeut l'investissement, la reprise, la croissance et l'emploi tout en corrigeant les finances publiques. L'équilibre budgétaire ne peut être retrouvé sans reprise économique, comme la situation en Italie et en Grèce le montre.
Pour éviter une nouvelle récession, l'Europe a besoin de poursuivre une politique équilibrée de consolidation budgétaire tout en restaurant la croissance et l'emploi. En plus de la réforme du Pacte de Stabilité et de Croissance, pour laquelle nous nous sommes battus lors de négociations sur le paquet gouvernance économique[2], nous avons besoin d'un Pacte pour la Croissance et l'Emploi accepté par les Etats membres et l'UE, chacun devant s'engager à faire le maximum dans les limites de ses marges de manœuvre pour stimuler les investissements productifs publics et privés et relancer l'économie européenne.
Pour la plupart des Etats membres cela pourrait signifier mettre en œuvre des investissements planifiés et adopter des calendriers plus réalistes pour la consolidation budgétaire, afin de nous permettre de sortir de la crise par la croissance. Pour les Etats membres qui sont le plus sous pression, même cela risque de ne pas être possible. On attend des économies les plus solides qu'elles saisissent l'opportunité de mettre un coup d'accélérateur sur leurs investissements de modernisation économique, tel que prévus par la stratégie UE 2020. La stratégie 2020 devrait être utilisée comme un cadre d'engagements communs pour relancer la croissance de long terme en Europe, la compétitivité, la soutenabilité, y compris avec une initiative urgente en faveur des jeunes au chômage.
Compte tenu de l'interconnexion des économies en Europe, et de la forte interdépendance en termes d'exports, une relance cordonnée de cette nature aurait un impact énorme sur l'activité économique, même dans les économies les plus faibles de l'UE, pour les rapprocher de plus en plus de la reprise et de finances publiques saines. Et la mise en avant d'un objectif commun clair, approuvé par les dirigeants d'Europe serait un formidable signal de confiance non seulement pour les entreprises européennes et les consommateurs, mais aussi pour les marchés financiers.
2. Des processus décisionnels plus démocratiques et plus forts, pour que l'Europe puisse répondre rapidement et efficacement à un environnement économique changeant
L'agenda de politique économique européen, en particulier pour les pays de l'eurozone qui ont la même monnaie, exige des processus décisionnels plus ajustés dans le cadre communautaire. Un premier pas consisterait à désigner un Vice-président de la Commission qui présiderait également les formations ECOFIN et EUROROUP du Conseil. Cependant, un renforcement au niveau de l'exécutif doit aller de pair avec une plus grande légitimité parlementaire et un contrôle au niveau européen.
3. Un système d'euro-obligations solide pour stabiliser les marchés et les taux d'intérêt
Les euro-obligations sont la seule façon pour que l'Europe se dote d'un système de gestion de la dette publique suffisamment solide pour dissuader la spéculation et assurer une stabilité. Le système d'euro-obligations permettrait de mettre ensemble jusqu'à 60% du PNB, à l'identique des termes du Pacte de Stabilité et de Croissance. Les euro-obligations permettraient de faire baisser la moyenne des taux d'intérêt sur les dettes des gouvernements, même pour les économies les plus fortes, non seulement parce que des garanties solides seraient fournies mais aussi parce que la création d'un marché obligataire européen vaste et liquide attirerait une plus grosse part des investissements internationaux.
4. Une taxe sur les transactions financières, pour obtenir de nouvelles recettes et limiter les formes de spéculation dommageables
Grâce à une TTF, le secteur financier pourrait être mis à contribution au bénéfice des finances publiques qui furent mises à mal par la crise financière de 2008, réduisant ainsi le poids des coupes budgétaires et des hausses d'impôts qui pèsent sur les européens. Une TTF qui frapperait particulièrement les transactions les plus court-termistes, serait également un pas décisif pour décourager la spéculation de court terme dommageable ou socialement inutile et réorienterait les marchés financiers vers des investissements productifs dans l'économie réelle. L'Europe a besoin d'une taxe sur les transactions financières le plus tôt possible, à un taux suffisant pour lever des recettes substantielles et décourager le très court terme.
5. Un véritable budget européen pour soutenir des politiques européennes, financées grâce aux ressources propres
Le budget européen pourrait et devrait jouer un rôle plus important dans la restauration de la croissance européenne et dans la modernisation de l'économie. Les défis du monde globalisé impliquent des investissements internationaux massifs dans la Recherche, le développement et l'innovation, et des investissements qui renversent la tendance actuelle de chômage élevé permanent et d'exclusion sociale en Europe. La contribution du budget de l'UE est aussi un moyen puissant pour attirer des investissements privés, en rendant possible le financement de projets à grand échelle, notamment dans les infrastructures, le changement climatique, la recherche et le développement.
Contrairement aux Etats membres, l'UE n'a pas de déficit budgétaire ni de dette. Dès lors, même si sa taille est relativement petite comparée à celle des budgets des Etats membres, le budget de l'UE permet des marges de manœuvre indispensables. En outre, malgré la rapide expansion des responsabilités de l'UE durant les 20 dernières années, le budget de l'EU a connu une croissance bien moindre que celle des budgets nationaux. Un budget européen qui serait financé à la hauteur des responsabilités que les Etats membres ont accordées à l'UE constitue un élément important du Pacte européen pour la croissance et l'Emploi.
cheap levitra online - levitra 10 mg , http://truelevitranow.com/#grsek levitra 40 mg
Rédigé par : NOPCROPINPUBY | lundi 06 mai 2013 à 21:17