Nous avons reçu le commissaire européen à l’énergie, Günther OETTINGER, le 11 avril 2011 au Parlement européen, pour évoquer les modalités des tests de résistance des 143 centrales nucléaires européennes. En tant que membre de la Commission environnement, santé et sécurité alimentaire, j'ai regretté lors de cette audition l’abandon des objectifs ambitieux de la Commission européenne, sous la pression d’États membres favorables au nucléaire, comme la France. Ce débat révéle également un clivage gauche-droite au niveau européen quant aux modalités de réalisation des tests de résistance et à l’évolution du mix énergétique européen qu'il faut dépasser dans l'intérêt des citoyens européens.
Il semble en effet que les ambitions de la Commission européenne s’érodent au fur et à mesure que certains Etats membres font pression pour reprendre le contrôle du dossier sensible de la conformité de certaines centrales nucléaires européennes. Nous attendons cependant les 12 et 13 mai prochains, jours où la Commission doit communiquer les critères retenus pour les tests paneuropéens. Nous saurons à ce moment-là si l’UE prend au sérieux la mise en place de ces tests de résistance. Mais d’ores et déjà, il est nécessaire que la Commission se prononce, comme je l’ai demandé au cours de cet entretien, pour savoir si c’est une autorité indépendante avec des experts autonomes qui réalisera les inspections. Recourir aux autorités nationales de régulation, comme cela est proposé, conduira forcément à discréditer les résultats de ces tests.
Ce débat montre une fois de plus qu’une approche intergouvernementale, où les initiatives sont laissées aux Etats-membres amène à un affaiblissement des ambitions. Il est nécessaire que, sur le dossier énergétique, la Commission soit plus volontariste, en reprenant notamment les recommandations de Jacques DELORS, ancien président de la Commission européenne et de Jerzy BUZEK, président du Parlement européen, sur la mise en œuvre d’une grande politique communautaire de l’énergie. Contrairement à ce qu’a indiqué le Commissaire OETTINGER lors de l’audition, le Traité de Lisbonne, en son article 194, permet à l’UE de jeter les fondements de cette politique commune. Il fournit une base juridique claire pour garantir un bon fonctionnement du marché de l’énergie, d’assurer la sécurité d’approvisionnement, de promouvoir l’efficacité énergétique et l’interconnexion des réseaux énergétiques dans un esprit de solidarité.
Sur ce dossier, je regrette tout autant la position de certains Etats membres que celle de certains eurodéputés de droite et du centre qui ont empêché, en plénière à Strasbourg, l’adoption d’une résolution sur la sûreté nucléaire compte tenu de leur positionnement politique. L’ensemble des groupes parlementaires de gauche, comprenant les socialistes et les verts, ont en effet déposé une série d’amendements dans le sens d’une sortie du nucléaire à plus ou moins long terme et d’une réflexion sérieuse sur l’évolution du mix énergétique européen. Ceux-ci ont été rejetés. Cette attitude de la droite et des libéraux est irresponsable et empêche d’avancer sur la question du développement des énergies renouvelables.