A l’occasion du déplacement du Président de la République, Nicolas SARKOZY, à Gravelines, où se trouve la première centrale nucléaire d’Europe, je tiens à rappeler que les défis de la sécurité nucléaire en Europe et la diversification énergétique sont insuffisamment pris en compte par la politique énergétique actuelle du gouvernement français.
Le Président de la République française, Nicolas SARKOZY, s’est rendu à la centrale nucléaire de Gravelines pour rappeler que la France reste résolument engagée dans le nucléaire. Il n’a manifestement pas pris la mesure de l’évolution de l’opinion sur le dossier et des nouvelles orientations en matière d’investissements énergétiques en Europe. Nicolas SARKOZY ne semble pas disposé à remettre en cause la convergence des intérêts politiques et de l’industrie nucléaire, qui comme dans le cas japonais, a largement contribué à la nucléarisation de notre pays.
Pour un pays comme l’Allemagne le nucléaire représente 10% de l’approvisionnement énergétique en 2009, alors qu’en France la part du nucléaire atteint 40% selon l’étude d’Eurostat publiée en février dernier[1]. Il y a, à l’évidence, une préférence française pour le nucléaire qui doit au regard des événements récents être sérieusement remise en question. Le rapport d’audit demandé à la Cour des comptes sur le coût du nucléaire ne saurait faire diversion. Le Président a annoncé que ‘faire confiance au nucléaire, c’est continuer à investir dans le nucléaire’ ; ce qui se trouve être aux antipodes des stratégies d’investissements de nos partenaires européens où la part des énergies renouvelables dans l’approvisionnement énergétique augmente régulièrement au détriment du nucléaire. Elles sont par exemple devenues la principale source d’énergie en Lettonie (36%) et en Suède (34%).
Cette préférence française pour le nucléaire nous empêche de véritablement progresser en termes de recherche et de développement des énergies propres et renouvelables. Alors que nous avons adopté des objectifs ambitieux au niveau européen dans le cadre de la stratégie Europe 2020, il faut regretter la pression politique française pour faire valider par la Commission européenne le nucléaire comme énergie ‘décarbonée’ dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Ceci a conduit à légitimer une politique française qui, par facilité, fait du nucléaire l’instrument pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre.
En marge de cette visite de Nicolas SARKOZY, il faut cependant saluer les initiatives locales et en particulier un parc éolien offshore au large de Dunkerque, projet soutenu par son Député-Maire, Michel DELEBARRE, et les autorités portuaires du littoral. Ces projets montrent que des alternatives au nucléaire existent. En plus du terminal méthanier, ce projet constitue un instrument de développement économique qui démontre concrètement les bénéfices de la diversification énergétique, comme alternative au surinvestissement nucléaire.
[1] “Energy, transport and environment indicators”, Eurostat Pocket Book, Février 2011
http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_OFFPUB/KS-DK-10-001/EN/KS-DK-10-001-EN.PDF